La drogue
Auteur : Jean-Louis Aisse
Arrangeur : Jean-Didier vander Vorst
Compositeur: Jean-Didier vander Vorst
D’abord, elle te prend par traîtrise
Lorsque tu ne t’y attends pas ;
Tu crois que c’est toi qui maîtrises
Mais c’est elle qui règne sur toi ;
Elle s’infiltre, se glisse, s’immisce
Comme l’eau vers le coeur de l’éponge ;
Tu la savoures comme une épice
Tu n’vois déjà plus qu’elle te ronge ;
Tu la touches et tu te sens riche ;
Elle a un goût de « rev’nez-y » ;
Tu y reviens car elle t’aguiche,
L’air de rien elle t’assujettit ;
Toi, pour le moment tu jouis :
Tu es maître de ton destin,
Tu dis que la chance t’a souri
Et que même ta vie t’appartient ;
Tu te gonfles de ta puissance :
Que le monde te semble étroit !
Une seule vie ? Stérile existence !
Toi, tu es sûr d’en valoir trois !
Pendant qu’tu planes s’approche la chute :
Elle te quitte à la dérobée ;
Vaine et dérisoire est ta lutte,
Elle se retire comme la marée ;
C’est là qu’ça commence à faire mal :
On t’entend fléchir et te tordre ;
Tu hurles tel un animal
Qui se débat, pris dans les cordes ;
La violence et la folie
Imbibent sournoisement tes fibres,
Là où ton héroïne, jadis,
Te proclamait homme libre ;
Voilà que dans le manque tu t’affoles,
Que tu en deviens belliqueux :
Il y a des meurtres qui te frôlent,
Des trahisons et des adieux ;
Si tu en retrouves, tu t’apaises-
Hélas jamais pour bien longtemps ;
Sinon : direction Père-Lachaise
Après angoisses, douleurs, tourments ;
T’aurais mieux fait d’pas y toucher,
De ne pas goûter ce poison ;
Si tu te drogues, il faut payer,
Payer au centuple l’addiction ;
Eh oui, ô faible humanité,
Long encore est le cheminement
Pour te libérer, te sevrer,
De la pire de tes cames : l’argent.