Etre et Avoir
Auteur : Jean-Louis Aisse
Arrangeur : Jean-Didier vander Vorst
Compositeur: Jean-Didier vander Vorst
Variation sur un thème de Yves Duteil
Être et Avoir sont comme deux frères
Nés du même lit, du même plumard ;
Nous allons suivre les revers
Des deux frangins que tout sépare ;
Voilà : d’abord il y a Être,
Celui qui cherche le point de départ ;
Il hésite à coups de « peut-être »,
S’inquisitionne de son regard ;
De l’autre côté il y a Avoir
Qui accumule, banquier austère ;
Il flirte aussi avec Pouvoir :
Posséder rend autoritaire ;
Être échafaude son bien-être,
Beaucoup de questions sans espoir ;
Son chemin démarre avec naître
Mais il mène à quoi ? Va savoir…
Pendant ce temps, le frère Avoir
Amasse toujours de main de maître ;
Mais dans le trop-plein des avoirs
Avoir ressent comme un mal-être :
Plus il abreuve ses tiroirs
Et plus un vide sournois l’empêtre :
Il n’y a rien dans sa mémoire,
Ni dans son coeur, ni à ses guêtres ;
Être aussi parfois en a marre
Des doutes qui le gangrènent en traître ;
Lors, il réfugie son cafard
De temps en temps dans le paraître ;
Un jour voilà que nos deux frères
Se croisent, par quel divin hasard ?
Tous deux fieffés solitaires,
Frustrés tous deux de la même tare ;
Lequel abandonne ses enfers ?
Malin qui le pourrait savoir !
Mais il propose un genre affaire,
Entre alliance et traquenard ;
S’il faut vraiment qu’Être et Avoir
S’apprécient et se considèrent,
Pourquoi ne pas, sur le Savoir
Conjuguer nos forces incendiaires ?
Nous pourrions ensemble accroire
À ce qu’aucun ne peut promettre :
Une façon sagesse salvatoire
Qui nous sauve et nous fait renaître ;
Et voilà nos frères goguenards
Qui fêtent leur accord salutaire ;
C’est à ce moment de l’histoire
Qu’arrive le troisième larron : Faire ;
Faire s’en fout comme d’un ostensoir
Des débats entre Avoir et Être ;
C’est pour l’action qu’il se prépare,
Faire se réfère au pifomètre ;
C’est dans l’action, le coup de nerf,
Que Faire se forge un faire-valoir ;
C’en est tellement vrai qu’il préfère
Ne pas penser dans la bagarre ;
Faire se lance comme un matamore,
Il dit : il faut battre le fer !
Mais Être, lui, n’est pas d’accord
Et Avoir freine des quatre fers ;
Agir, agir : mais pour quoi faire ?
Voilà ce que se demande Être ;
Agir, agir : ça coûte cher !
Avoir refuse de se soumettre.
Nous voici au coeur du foutoir,
De la cacophonie légendaire,
De l’incompréhension notoire
Qui taraude et crispe nos trois frères ;
Ça fait maintenant des millénaires
Que ce débat furieux s’empare
Des quatre coins de l’Univers
Et du coeur de l’Humain tout noir ;
Si nous voulons un jour savoir
L’alchimie d’Avoir, Faire et Être,
Il faudra que nos trois gaillards
Trouvent un terrain où se reconnaître ;
Si nous voulons un jour savoir
L’alchimie d’Être, Avoir et Faire,
Il faudra que nos trois gaillards
Se trouvent un terrain visionnaire ;
Si nous voulons un jour savoir
L’alchimie d’Être, Faire, Avoir,
Il faudra que nos trois gaillards
S’entendent sur un projet-phare.