Marine

cd0305-350

Marine
Auteur : Jean-Louis Aisse
Arrangeur : Jean-Didier vander Vorst
Compositeur: Jean-Didier vander Vorst

J’n’ai guère le pied marin
Et elle s’appelait Marine !
Elle avait un bas d’rein
Qui suscitait le crime ;
Ses cheveux, l’air de rien,
Encerclaient ses narines ;
Une mèche, près de son sein,
Languissait, assassine ;
Son regard souterrain
Semblait chercher la rime.
Elle me prit par la main
Dans sa paume de gamine
Et proposa soudain
Comme le f’rait une ondine
«Egarons-nous un brin
Promenons-nous dans la bruine
Ou qu’une meule de foin
Cache nos courses de fouines».

Refrain : Dieu m’est pris à témoin
Si j’ai changé de mine,
Si j’ai changé de mine !

Plongeant dans ce ravin
Je fus, ivresse divine,
Pareil à ces humains
Qu’un éclair illumine ;
Il faudrait aller loin
Qui sait? Jusqu’aux Malouines?
Pour trouver un satin
Plus doux que sa Sixtine,
Pour noyer cet écrin

D’mon humeur exocrine !
Une récidive demain?
Voilà qui me ranime !
J’y suis assez enclin
Mais douc’ment elle s’incline :
«Laisse pour d’autres ta faim
Garde-leur ta famine ;
J’me jette pas dans ton bain
Qui sent trop la combine»

Au refrain

Je réplique : «sans tes seins
Purs de fée Mélusine,
Dis, qu’est-ce que je deviens,
Réponds, sans ta ravine?
Est-ce que j’erre comme un Saint
Qui renie ses racines?
Est-ce que la mort m’atteint,
Que le temps me destine?»
Un silence pour refrain :
C’est tout ce qu’elle serine.
Notre histoire voit sa fin,
Le dénouement s’affine :
Dans ses yeux lie de vin
Un couperet je devine :
«Reprends ton pas, bédouin,
Vers quelque citadine ;
Tandis que mon chemin
Suit son cours anonyme».

Au refrain

«Adieu ! Dis au destin
Un petit mot d’estime».
C’est dans le vent au loin
Que ses mots se déclinent ;
Ses pas n’en disent pas moins
Qui s’éloignent et cheminent.
Moi, au fond, je retiens
La nuit de sa rétine,
L’effluve de son parfum
Sur sa peau d’séraphine
Pour les larmes du chagrin
Qui bientôt me burine ;
Alors ma plume, enfin,
Cisèle d’encre fine
Ce coup de coeur ancien
Que pour elle je dessine
De ces alexandrins
A la clarté marine.

Refrain : Dieu m’est pris à témoin :
J’ai sauté sur sa mine,
J’ai sauté sur sa mine !