Je Vous Tu
Auteur : Jean-Louis Aisse
Arrangeur : Jean-Didier vander Vorst
Compositeur: Jean-Louis Aisse
On s’était donnés rendez-vous
Sous les solives pentues d’un toit,
Un grenier fait de bois partout
Qu’en belles captives je pourvois.
Vous m’avez dit : « figurez-vous
Que j’ai parfois
Fait ce rêve à dormir debout
De vous et moi ;
De nos émois, je vous l’avoue,
Revient le fantasme têtu;
Dans la bouche, j’ai gardé le goût
De vos baisers sucrés, pointus »
Lors, j’ai sommé d’un rendez-vous
Votre vertu;
C’était facile : vous l’aviez floue
Et court vêtue.
Nos mots restaient au garde-à-vous
Nos corps mentaient en disant « tu »;
Je voulais flairer vos atouts,
Frôler vos atours de statue.
Je suis entré dans votre « je »,
Vue sur l’amour,
Afin de me frotter un peu
A votre jour.
Vos bas de soie, ça va de soi,
J’en vins à bout et peu après
Je mis vos tabous hors-la-loi
Bout-à-bout sous mes yeux de jais.
Boutant le feu à vos dessous
Salés, secrets,
Je me suis brûlé au grisou
De vos attraits;
Après l’amour, vous fîtes d’un coup:
« De grâce, ne me tutoyez pas;
Qu’à jamais le « tu » soit vaudou
Afin que le « vous » reste à toi ».
Mais hélas, ce que je te vous
N’a aucun poids:
Je vous tu à la fin de vous
Et de l’envoi.
C’est une histoire sans foi ni loi:
Elle est foutue
Elle s’éteindra sans toi ni moi
Car elle s’est tue
Et elle, c’est tu.
Châtel, lundi 21 décembre 1998.