Aguilar

Aguilar

Aguilar
Auteur : Jean-Louis Aisse
Arrangeur : Jean-Didier vander Vorst
Compositeur: Jean-Didier vander Vorst
À Claude et Hélène Nougaro

Il est dans les Corbières, en plein pays cathare,
Un genre de ruine altière qui se nomme : Aguilar
Nulle âme en ce désert si ce n’est le cafard
Le souvenir austère du vol lent de l’Histoire.

Et pourtant certains jours, dans un ciel de hasard,
Un soleil un peu lourd couve un ballet bizarre :
Sur la tour meurtrière, y’a un aigle au regard
Aiguisé de cutter et qui cherche la bagarre.

Newton aux Danaïdes, il rame en sa galère
L’océan plein de vide, mon gouffre sans frontières ;
Il plonge sur son ombre, qu’il embrasse bec ouvert,
Plante dans mes heures sombres ses yeux pleins de lumière.

Fatal comme un cimetière, lentement il s’approche
Il m’enserre dans ses serres nécessaires, il m’accroche.
Suspendu comme un train que griffe la caténaire
Il m’aspire du sol, loin des humains, de leur terre.

Ivre de peur et d’air, je bois sec l’altitude
Qu’inonde un alcool amer au goût d’incertitude.
L’alternative m’appelle : le fracas du rocher
Ou les coups de scalpel d’une mâchoire acérée.

Pourtant, dans un mystère qu’une terreur alimente
Il pose, plus qu’il libère, sa proie que la mort hante.
Ce marcheur aérien, de son pas feutré d’aile,
Tire à lui et rejoint alors sa fière tourelle.

Cette sentinelle maîtresse dedans sa tour d’Histoire
Épée de Damoclès vivante nourrit l’espoir.
Elle me laisse stupéfait, au sommet de la vie
Assommé et défait, renaissant, ahuri.