Les allumettes
Auteur : Jean-Louis Aisse
Arrangeur : Jean-Didier vander Vorst
Compositeur: Jean-Didier vander Vorst
J’en tire une parmi ses jumelles,
L’élue du jour qui f’ra l’affaire;
De sa boîte de nuit je l’appelle
Pour une promenade chez Lucifer;
Car telle est la règle du jeu
Sur la planète:
Elles sont faites pour la danse du feu
Les allumettes.
Elle est blonde, coiffée d’un soleil
Qui prophétise de la lumière;
Je la fais craquer, j’la réveille
Pour incendier sa poudrière.
Ainsi elles suivent la destinée
Que l’homme leur prête
Elles sont faites pour s’allumer
Les allumettes.
La flamme, sur son mince fil de bois,
Funambule, fait l’équilibriste;
Elle court, brûlante, vers mes doigts:
Ephémère est sa vie d’artiste.
Elles n’ont que la gloire à flamber
En pures esthètes
Elles sont faites pour se consumer
Les allumettes
Car mon souffle s’abat toujours
Qui éteint leur âme rectiligne;
Leur coeur rougeoie, appelle au s’cours,
Jette une fumée de chant du cygne.
C’est ainsi que ça se termine
On le regrette
Mais c’est la fin que l’on destine
Aux allumettes
Quand je suis distrait par leurs soeurs
Elles grillent ma main sans crier gare;
Elles meurent dans un baroud d’honneur
D’abeille qui a planté son dard.
Tant pis pour toi, j’t’avais prév’nu
M’a dit ma mère
Qui s’y connaît en coups tordus
Et par derrière:
Faut pas brûler le coeur des filles
Aux amourettes;
Leur vengeance est un plat bien cuit
Aux allumettes.
Vers, mercredi 28 juillet 1999.