Cimetière des amours

cd0201-350

Cimetière des amours
Auteur : Jean-Louis Aisse
Arrangeur : Jean-Didier vander Vorst
Compositeur: Jean-Louis Aisse

Avec mes chrysanthèmes et mes couronnes
J’allais, le plein soleil dans la bombonne,
Au cimetière de mes amours
Porter en ce lumineux jour
Un souvenir à la mémoire
De mes idylles provisoires.

Car rien au monde ne me ferait manquer
Un pèlerinage autant partagé
Des coeurs désoudés la Toussaint
Se fête à la Saint Valentin
Qui, dans le creuset de l’espoir,
Jette les cendres de nos histoires.

De monument en stèle, de pierre en croix
Je dépose mes bouquets ici et là
Un petit sourire au coin des lèvres
Devant les ruines de ces fièvres
Tendresse mêlée de jubilation
Pour les dépouilles de mes passions.

« De moi je t’avais donné le meilleur
Désormais le pire eût peuplé nos heures »;
Je parcourais aux épitaphes
Comme d’une vie les paragraphes
Le sadisme et la violence
Pour cisailler mes alliances.

Mais au détour de l’ultime catacombe
Mes yeux vaguement saouls brusquement tombent
Sur nos deux prénoms côte à côte
Qu’un « ici-gît » tout neuf chapeaute,
Qu’un brin moqueur de véronique
Etranger à mes mains explique.

Quelle est cette plaisanterie de mauvais goût ?
Pensais-je en agrafant à mon pas fou
Une haleine de proie qui détale
« Je couvre l’horizon de voiles
Et nos derniers feux d’un linceul »
M’as-tu dit en me laissant seul.

Tonnerre ! L’affront méritait correction
Et l’outrecuidance une punition!
Ainsi qu’aux vampires mis à mort
Je te plante un pieux en plein corps
Puis un second dedans le coeur
Et c’est pour ça que tout-à-l’heure :

Avec mes chrysanthèmes et mes couronnes
Je porte, du soleil plein la bombonne
Jusqu’au cimetière de mes ex
-Y a-t’il pire mise à l’index ?-
Un souvenir à la mémoire
De mes compagnes provisoires.

28 octobre 1996.