Gitan de l’intérieur

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Gitan de l’intérieur 

Extrait de l’album Des mots… d’émaux

Auteur : Jean-Louis Aisse
Arrangeur : Jean-Didier vander Vorst
Compositeur: Jean-Didier vander Vorst

Je suis un tzigane des profondeurs
Jeté par le hasard comme les dés
Sur votre planète bleue de peur
Qui coince entre futur et passé
Tel un gitan à l’intérieur

Mes racines plongent dans la noirceur
D’une Espagne qui vit quand elle danse
D’une Espagne qui danse quand elle pleure
Les sourcils froncés par la naissance
Comme un gitan de l’intérieur

Par ici, par là, souvent ailleurs
Le chemin du foyer est toujours
Un mystère s’échappant par erreur
De mes voyages allers sans retours
Comme un gitan de l’intérieur.

Je suis étranger par la couleur
De ma liberté, de mes manières
De mes vies que je bois dans l’honneur
Les vôtres sont pleines de frontières
Cadenassées de l’intérieur

Le soir me couche aux premières lueurs
Dans mon hôtel aux milliers d’étoiles
Le ciel de mes nuits est la demeure
Comme la terre est ma maison de toile
Gitane à l’intérieur

Mes draps constellés d’humble prieur
Tirés aux Saintes Maries de l’Amour
Gardent mon sommeil peuplé de frayeurs
Où je rêve à un monde moins lourd
Un peu gitan à l’intérieur

Je suis un genre manouche côté coeur
Mes étapes ont des parfums de femmes
Mes femmes ont un parfum de douleur
Parce que seul le voyage m’enflamme
Comme un gitan de l’intérieur Reluquant vos poules comme un voleur
Ainsi que certains m’ont déjà dit
J’aime vos maîtresses, vos filles et vos soeurs
Qui me traitent en riant de bandit,
De gitan de l’intérieur

Pour aimanter leurs yeux prometteurs
Je chatouille un peu, je fais jazzer
Leurs cordes sensibles, swing mineur.
Ne reste qu’un blues quand s’en est allé
Le gitan de l’intérieur.

Si jamais un de ces jours je meurs
N’enterrez pas mes cendres, poussière d’homme
Mais soufflez sur elles un sort meilleur
Qu’elles continuent à voyager comme
Un gitan de l’intérieur.

Montmartre, 26 décembre 1994