J’aime pas la GAY PRIDE

Bon… ça y est ? Tout le monde va aller faire un tour à la Gay Pride ? Heu pardon ! A la Belgian Pride… Oui,on ne dit plus Gay, parce que c’est discriminant pour les Trans et les Bi et les Trav… On dit Belgian Pride. Parce qu’il faut s’ouvrir, parce qu’il faut, ne riez pas, je l’ai entendu ce matin, parce qu’il faut élargir le cercle.

Oui, vous me voyez déjà venir avec mes doubles-sens salaces… mais non, je vous rassure, je ne tomberai pas dans ce travers. Quoique…Parce qu’on peut ne pas aimer le Pape, on peut ne pas aimer le foot, la politique, la fête des mères ou The Voice. Mais on ne peut PAS ne pas aimer la Belgian Pride. Hé bien moi, je m’en fous. Je n’aime pas la Pride (on va dire Pride comme ça on élargit le cercle à ceux qui ne sont pas Belgian.)

Je n’aime pas la Pride, oh ! pas parce queje suis pudibond, réac ou coincé du pépette. Non, je suis même un précurseur en la matière, puisque moi-même à l’âge de 3 ans je me mettais déjà tout nu à la fenêtre du salon en me déhanchant au son de Sheila qui chantait Bang Bang…  A 7 ans, j’essayais les robes de ma sœur et à 14 ans je fantasmais sur mes compagnons de classe. Faut dire que dans ma classe, il n’y avait pas de filles. On fantasmait avec ce qu’on avait sous la main. Bref, autant vous dire qu’en matière de provoc et de sexualité chaotique, je n’ai de leçon à recevoir de personne.

Si je n’aime pas la Pride ça n’est donc pas parce que je dénie à quiconque le droit de danser tout nu sur les chansons de Chantal Goya. Mes propres enfants l’ont fait aussi. Au passage, on peut quand même se demander pourquoi Chantal Goya est devenue une icône gay alors qu’Henri Dès, un suisse, avec une  moustache et ses chansons genre « Camion ça fait prout » ou « Pipe et jambe de bois », Henri Dès donc, avait infiniment plus de chances de faire rêver les gays. Allez comprendre les mystères de l’âme humaine…

Non en fait, si je n’aime pas la Pride, c’est parce que je n’aime pas… la vulgarité. Déjà quand il fait un peu plus de 18°C, j’appréhende avec horreur de voir surgir le pantacourt et le débardeur, ces deux inventions monstrueuses issues probablement du même cerveau malade que le Lycra, le string ou la french manucure… mais alors… que dire de ce défilé de moule-burnes, de robes à paillettes et de bas résille sur mollets poilus ? Et je ne vous parle même pas de cette overdose de perruques satinées, de shorty roses  avec bottes argentées,pinces à tétons et de pectoraux abercrombiesques dopés à l’EPO sensés incarner l’esprit de fête et la sensualité ? NON ! Ca n’est pas sensuel ! C’est  juste moche. Désolé. Ca n’éveille en moi ni le désir sexuel, ni un quelconque sentiment d’adhésion… hé oui que voulez vous, je suis comme ça, j’adhère plus facilement à la ligne discrète d’une nuque, à l’érotisme d’un lobe d’oreille ou au charme naturel d’un sourire sans gloss. Oui, je sais tout le monde n’est pas comme moi apparemment. Et c’est bien dommage. Parce que si tout le monde était comme moi, je n’aurais pas besoin de détester les autres.

Parce qu’avouez que de la part d’une communautéqui réclame le droit d’être considérée comme tout le monde, revendiquer ce carnaval aux odeurs d’aisselle, c’est un peu paradoxal.

Oh je sais, j’ai entendu ça aussi : dans le défilé, il n’y a pas que des drag queen, des lesbiennes cheveux courts et lunettes pointues et des pédés cuir. Non je sais. Il y a aussi des gens« normaux ». C’est en tout cas l’argument imparable avancé par les organisateurs pour justifier ce déluge de mauvais goût. Un argument qui me laisse un peu sceptique quand même. Parce que c’est un peu comme si on organisait une Hétéro Pride et que parmi les gens « normaux » on faisait défiler sur des chars les adeptes du nursing, des fétichistes de la petite culotte, quelques zoophiles, un lot de nymphomanes tatouées, un groupe de vieux sado-masochistes bedonnants et une poignée d’exhibitionnistes pratiquant l’onanisme. Ce qui, vous me l’accorderez, serait tout aussi insupportable.

Je n’aime pas non plus la Pride et son défilé d’hommes et femmes politiques venus tenter de glaner quelques voix électorales en balançant du gel lubrifiant dans le public. Enfin au moins pour une fois,ils sont honnêtes. Quand un homme politique t’offre du lubrifiant et des capotes, tu sais au moins à quoi t’en tenir. Donc pour le gel et les capotes, passe encore… Mais alors… cet affichage de sourires convenus et de solidarité comme si on brûlait encore les homosexuels sur la Grand Place… Parce que, pour info, les gars, tous vos combats sont gagnés. Merci de rentrer chez vous. Eclatez-vous en bas nylons, sans bas nylons, avec ou sans moule bite, avec ou sans Dalida, avec ou sans gel (enfin avec de préférence) entre filles, entre mecs, tous ensemble, moi je m’en fous. Je veux même bien venir danser tout nu si vous passez du Sheila. Mais pas dans la rue. Parce que moi, il me reste un peu de pudeur. Et parce que c’est la pudeur qui est le manteau de l’érotisme.

Rentrez chez vous ou alors changez de nom ! Parce que Pride, ça veut dire honneur. Et si ce carnaval de ploucs sous ecstas est l’honneur de l’homosexualité, hé bien moi, désolé, je préfère Oscar Wilde,Francis Bacon ou Thomas Van Hamme.

Non, allez, vous avez raison, il reste un combat à gagner. Celui de la bêtise humaine qui fait qu’on dézingue des gens pour ce qu’ils sont. Mais là, je vous rassure, chez les hétéros non plus, le combat n’est pas près d’être gagné.

Voilà, je crois que j’ai fini, ça y est. J’ai donc dérapé. Je crois que je me suis auto-taillé sur mesure un costard d’homophobe, parce que c’est toujours comme ça. Ce genre de sujet ne connait pas la nuance. Si vous critiquez un étranger, vous êtes sûrement un raciste. Si vous critiquez un juif, vous êtes sûrement un nazi et si vous critiquez tout le monde vous êtes sûrement Philippe Moureaux. Sauf que là, pour le coup, c’est vrai.

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