« Ainsi donc, un jour, quelqu’un qui avait été appelé Schwarzmann se nomma lui-même publiquement Chestov, étouffant ses deux longues syllabes en deux brèves… »
Les Éditions Black Herald Press ont récemment publié ce court texte qui va à l’encontre de toutes les attentes, à l’image de la philosophie de Léon Chestov.
L’auteur, Nicolas Cavaillès, dessine un portrait du philosophe russe inédit. De l’homme, il a gardé le corps, le visage, les manies. De sa pensée, il a conservé les images. Seul le propos philosophique auxquelles les anecdotes de la vie de Léon Chestov donnaient corps a disparu. « Le plus important » exprimé dans une pensée claire a été omis, il ne reste que les contours flous, les étrangetés d’un homme qui se cogne contre le mur sans qu’on sache pourquoi.
La majeure partie du récit se concentre sur le voyage en Palestine que Chestov effectue en 1936, deux ans avant sa mort, et dont quelques documents réunis dans la biographie de Nathalie Baranoff-Chestov servent de support aux descriptions de Nicolas Cavaillès.
« À présent, il me faut raconter mes « impressions sur la Palestine ». Hélas, c’est très difficile, d’autant plus que je n’ai pas vue beaucoup. »
N. BARANOFF-CHESTOV, Vie de Léon Chestov, tome II Les dernières années 1928-1938, Éditions de la différence, Paris, 1993, p. 174.
Le texte convient à tous les publics : invitation aux novices à découvrir le mystère derrière la personnalité et les lubies de Léon Chestov et possibilité pour les initiés de ressentir à nouveau, grâce à cette approche originale, le caractère fondamentalement atypique du penseur russe.
Les Éditions Black Herald Press ont un catalogue de grande qualité. Il contient notamment plusieurs traductions du poète anglais David Gascoyne, lecteur de Léon Chestov et membre des surréalistes, ainsi qu’un essai sur l’œuvre de ce poète par Kahtleen Rain, « David Gascoyne et la fonction prophétique ».
Il est toujours agréable de recevoir un mot cordial de l’éditrice à l’achat d’un ouvrage.