François de Brigode dévoile sa passion méconnue pour la photo (Télépro)

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C’est par hasard, sur Facebook, que le public a découvert que le présentateur du JT préféré des Belges est féru de photographie.

Au-delà du cliché, Télépro s’intéresse à cette face cachée de François de Brigode (52 ans).

Comment est venue cette passion pour la photographie ?

Môme, j’ai toujours aimé regarder des albums de photos. J’étais fasciné par cette forme d’art, et essentiellement le noir et blanc. Bien que j’aie beaucoup de respect pour les personnes qui font de la photographie en couleurs, parce que ce n’est pas simple. J’ai presque envie de répondre que cette passion me vient depuis toujours !

Pourquoi le rendre public que tout récemment ?

J’ai beaucoup fait de photos dans mon adolescence jusqu’à 22 ou 23 ans. Travailler avec un type d’appareil, c’est un peu comme une relation amoureuse. «Tu l’as bien en main, c’est objet que tu aimes bien». Et j’ai perdu cet appareil lors d’un vol chez moi… C’est aussi arrivé au moment où je me lançais dans la vie professionnelle. J’ai mis cette passion entre parenthèses. Il y a quelques années, j’ai reçu de ma compagne un nouvel appareil photo, et je me suis remis un peu mollement… Très vite, le goût m’est revenu. J’ai posté mes photos sur Facebook pour obtenir un regard critique de mes contacts. J’ai eu des remarques tant pertinentes que des critiques positives. Des amis m’ont conseillé de démarcher des photographes et des galeristes. Et de conseils en rencontres, on m’a proposé d’exposer mes clichés dans une grande galerie bruxelloise. C’est un grand projet qui débouche aussi sur un site et prochainement un livre (avec Eric Lamiroy).

Le noir et blanc, c’est le contraste avec la télévision qui déborde de couleur ?

Ce n’est pas faux comme analyse… C’est d’abord une forme de photo qui m’a plu dès le départ. Les contrastes sont très forts en noir et blanc. Il y a une phrase qui me plaît beaucoup : «Il y a tellement de variétés dans le noir et blanc, qu’on finit par croire qu’il y a beaucoup de couleurs !». Comme je fais des photos de nuages, les contrastes ressortent très bien avec le noir et blanc.

Il y a d’autres sujets ?

Oui. Pour l’exposition qui va se faire en février prochain, j’ai privilégié les nuages et le noir et blanc, mais j’ai d’autres projets en tête. Mon gros déploiement dans la photo ne va s’arrêter à cette expo.

Il faut être patient…

Et justement, je suis très peu patient dans la vie quotidienne, mais comme je fais tout autre chose, j’essaie de changer mes habitudes. Pour ce genre de photo d’art, il faut une autre démarche qui passe par la patience…

Si vous aviez été grand reporter, vous auriez pu allier votre passion et votre métier de journaliste ?

Sans doute, mais on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Bref, on ne peut pas tout faire ! Si j’étais reporter sur le terrain, je serais tellement occupé par l’actu, que je ne pourrais pas passer trop de temps à regarder en l’air. (Rires)

Votre nom va faire vendre…

Oui, mais justement, il y aura la sanction du monde professionnel… Quand j’ai rencontré des photographes dans ma démarche, j’avais justement demandé de faire abstraction du fait que je sois «François de Brigode qui présente le JT de la RTBF». Je ne suis pas quelqu’un de vénal, et avant de me dire que j’ai vendu une oeuvre, je serais déjà content d’avoir pu porter ce projet et d’être allé au bout de ma passion. À coté de mon métier qui me bouffe de la tête aux pieds, mais que j’exerce aussi avec passion, je consacre mes week-ends à ça. Je ne passe pas mon temps libre à tout photographier, mais j’ai toujours un petit appareil sur moi…

Vous avez pris des cours ?

Non. J’ai deux logiques. Ne pas avoir suivi de cours, mais avoir écouté les conseils de professionnels sur l’utilisation de mon appareil, le type de capteur, etc… Ensuite, je prends des photos que je retravaille très peu. Il faut garder un côté un peu brut de décoffrage.

Vous avez un abonnement au Musée de la Photographie de Charleroi ?

J’y vais régulièrement. C’est un endroit que je qualifierais de magique. Il y a énormément de monde, même le dimanche après-midi. Il est à la fois didactique avec un petit coté «prof», et un lieu où on a toujours envie de rester. Si je vais voir une exposition, j’ai toujours envie de revoir la collection permanente ou rester dans la vidéothèque. C’est une belle réussite.

Vous avez démarré avec la photo argentique, aujourd’hui, tout est numérique. Qu’est-ce que vous préférez ?

Le numérique a fait perdre la magie de la matière, quand on imprimait la photo, avec aussi cette adrénaline de l’attente dans son petit labo, et parfois des surprises. Le numérique, c’est l’immédiateté. On voit tout de suite le cliché, ce qui n’est pas plus mal. Comme je n’ai pas envie de retravailler mes photos, j’ai un peu gardé cet héritage de l’argentique par mon coté brut.

Entretien : Pierre Bertinchamps

> François De Brigode exposera ses photographies sur le thème «Nuages» au Young Gallery (Avenue Louise à Bruxelles), du 13 au 28 février 2015. À découvrir aussi sur son site www.debrigode.com

Légende & Crédit photo : montage-de-brigode.jpg / Télépro 5/11/2014
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