Un gros carnet de toile grise aux pages quadrillées, un bic et hop c’est parti.
Le papier serait-il blanc, on serait tenté de l’aborder avec prudence, de commencer « une œuvre d’art ». Il est quadrillé, n’est plus vierge. On peut donc lui faire subir les derniers outrages. Au diable l’art et ses raffinements. Il s’agit de pur plaisir.
Rien ne freine le bic sur le papier lisse. Ce ne sont que hachures, croisillons rapides, grouillement de petits traits.
Le conscient y a peu de part. « Ce n’est pas moi c’est ma main » pourrait dire l’artiste comme peut répondre un enfant à qui on demande pourquoi il a frappé son petit camarade. Peu à peu surgissent des animaux, des êtres difformes, des trucs érotiques et cruels, des machins bizarres, tout un fouillis d’images étranges qui n’attendaient qu’une occasion pour échapper à l’oppressante raison.
Les surréalistes l’avaient bien compris en pratiquant l’écriture automatique. Les aliénistes aussi qui savent combien le dessin peut apaiser les patients atteints de maladies neurologiques. Il n’est pas insensé de considérer ces dessins comme une thérapie.
De là à les expliquer il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas.
Lisette Delooz
Titre : Scraboudjas
Auteur : Lisette Delooz
Format: 13X16 cm
66 pages
Collection : Scraboudjas
Couverture : souple
Prix : 10€
Frais d’envois : 3€
