Serge Gainsbourg : Pensées, provocs et autres volutes

Editeur : Le Livre de poche

Date de parution : mars 2007

Nom : Gainsbourg. Prénom : Serge. Qualifications : petit voleur, grand faussaire, flambeur, vitriolé, dépressif, pessimiste forcené, fier, tracard, indélébile, maladroit, addict et violent. Objet le plus précieux : la femme objet. Occupation favorite : écouter pousser ma barbe. Principal trait de votre caractère : le trait d'union. Auteur favori : mon nègre. La chanson française : plutôt consterné que concerné ! Dernière consigne : Ne m'enterrez pas en grandes pompes mais à toutes pompes !

Sous le titre 'Pensées, provocs et autres volutes' paraissent les paroles les plus drôles de Serge Gainsbourg. Après Pierre Dac, Daniel Prévost, Jacques Dutronc, Jean Yann, Coluche et dernièrement François Mitterrand, Gainsbourg entre dans la collection humoristique 'Les Pensées', éditées au Cherche Midi. Et ceci à l'occasion du 15ème anniversaire de sa disparition, le 2 mars 2006.
Les inconditionnels trouveront de quoi passer d'agréables moments et pourront approfondir leurs connaissances puisque ces "pensées" permettent réellement de mieux cerner l'une des personnalités préférées des français. Qu'elles soient extraites de discussions lors de ces apparitions médiatiques ou de ses chansons, elles offrent un panorama varié de l'artiste : provocateur, homme à femme mais aussi, et surtout, compositeur et musicien hors pair.
Le lecteur désireux de découvrir ou de redécouvrir Gainsbourg d'une façon ludique et originale sera comblé car celui qui se définissait lui-même comme un grand... [Lire]

Extraits:

J'aime la nuit, j'ai les idées plus claires dans le noir.

Je ne veux pas qu’on m’aime mais je veux quand même.

On n'écrit pas l'amour avec un stylo à bille. On écrit l'amour avec une plume Sergent-Major.

Gainsbarre : Tu joues au con tu joues avec les mots
Gainsbourg : Tu as tout faux, je joue avec mes maux

Le dandysme est un comportement au bord du suicide. C'est le choix d’une attitude, un jeu constant pour échapper à la réalité.

Jacques Brel un jour me dit : "Tu ne réussiras que quand tu auras conscience que tu es un crooner !" Je lui dis "Moi un crooner, avec ma sale gueule ?" Eh bien à l'analyse il avait vu juste : "L'Eau à la bouche", "Je t'aime moi non plus", "Je suis venu te dire que je m'en vais"… Ce sont des chansons de crooner. De crooner destroy, mais de crooner !

Sur dix ans de chansons, je compte sur les doigts de la main gauche les chansons que j'aime. Je vais les compter : "L'Eau à la bouche", "La Javanaise", "Pauvre Lola", "Docteur Jekyll et Monsieur Hyde" et "Ces petits riens". Voilà ! Tout le reste : zéro. Ca fait cinq, cinq chansons. Le reste est à jeter. Tout ça pour dire que je suis aussi vache avec moi qu'avec les autres.

Plus d'accents, ni grave, ni aigu, ni circonflexe ; plus d'apostrophe, de barre de t, de points sur les i : un jour j'ai changé ma façon d'écrire par défi esthétique, en supprimant tout ce qui obligeait ma main à revenir en arrière.

J'ai trois bagues en platine à l’annulaire. Trois bagues pour trois B : Bardot, Birkin, Bambou.

Je n'ai pas de Rolls ; j'en avais une, je n'ai gardé que le bouchon du radiateur. Ça me gonflait - je n'ai pas le permis alors je l'employais comme cendrier. Je disais à Jane : "Viens, on va fumer une clope dans la Rolls". J'ai pas de maison secondaire. Le blé, j'aime le claquer en suites dans les palaces, en objets d'art, en cadeaux somptueux, en gadgets audio-visuels dernier cri, en restos, en boîtes, en pourboires... Mais certainement pas en fringues ! J'ai deux jeans et cinq chemises, à l'inverse de certains fauchemen qui ont quinze costards et trente paires de pompes.

J'distribue les swings et les uppercuts
Ca fait VLAM ! ça fait SPLATCH ! et ça fait CHTUCK !
Ou bien BOMP ! ou HUMPF ! parfois même PFFF !
SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZ !

Dans "Je t'aime moi non plus" la phrase importante est L’amour physique est sans issue. C'est une phrase que je trouve très morale. "Je t'aime", dit la fille dans un élan de passion et le garçon qui est beaucoup plus rigoureux dit, ne la croyant pas "moi non plus". Parce que l'amour physique ne suffisant point aux passions, il faut s'en référer à d'autres arguments. C'est la chanson la plus morale que j'ai jamais écrite.

La vraie difficulté ce sera de stopper définitivement la cigarette. Parce que me priver du tabac c'est me priver de sa gestuelle qui, comme un rituel immuable, m'amenait à la concentration nécessaire pour l'écriture. Je manipulais mon briquet Zippo. Il y avait l'odeur de l'essence et l'acier poli dans ma main. La cigarette que l'on allume lentement, cette première bouffée avant de la déposer dans le cendrier pour saisir le stylo... C'est surtout ça qui va être dur, qui va créer le véritable manque.

Je suis déjà mythique. Je le dis sans orgueil. Seule ma mort y mettra fin. Et encore. Je passerai à la postérité pour quelques années.

 
GILLES VERLANT ECRITS RADIO LIVRES ACTU