Les victoires de la musique 2010

Depuis le 27 janvier 20h la liste des nommés aux Victoires de la Musique (qui fêtent cette année leur 25ème édition) est officielle. Je peux donc vous offrir en exclu le dossier de presse remis à l'issue de la conférence de presse aux journalistes, dossier que j'ai rédigé, comme je le fais depuis une dizaine d'années déjà. Si vous êtes allergiques aux Victoires ou aux artistes nommés, c'est votre droit, mais abstenez-vous de m'envoyer des messages énervés et inutiles : ce que vous lirez ne représente pas mes goûts, mes choix ni même ce que j'écoute à la maison (de très loin... à part Archimède, Revolver, Charlotte G., Bashung et quelques autres, on va dire...), je me contente de faire mon boulot du mieux que je peux. La suite samedi 6 mars 2010 à 20h35 sur France2 en direct du Zénith de Paris.

 
Hommage à Bashung lors de la 25ème cérémonie des Victoires de la Musique
Grosse émotion ce samedi 6 mars 2010 lorsque Jean Fauque, parolier de Bashung ("Fantaisie militaire", etc.) a rendu hommage à son pote disparu, en direct, soutenu par l'orchestre dirigé par Arnaud Dunoyer de Ségonzac, lors de la 25ème cérémonie des Victoires de la Musique. Gros moment de fierté pour moi : pour rédiger son hommage, lu de sa belle voix grave, Jean a utilisé les éléments d'un texte que j'ai rédigé à la demande de Nagui. Ce texte, je vous le livre tel quel. Les titres de chansons correspondent au medley interprété par l'orchestre d'Arnaud. Bonne lecture !

BASHUNG

GABY OH GABY

Bashung pourquoi t'es parti ? ton silence nous assourdit, ton absence nous abasourdit. Tu malaxais les sons comme personne, avec ta voix gant de crin de crooner rocker, avec tes complices tu cuisinais les mots façon hosties au poivre noir. À l'orée des années 80, t'étais pas un oisillon, au compteur t'avais déjà de belles heures de vol, t'attendais que le public soit prêt, t'étais beau comme un pétard qu'attend plus qu'une allumette. Et d'un coup ce fut le feu d'artifice : sur le golfes pas très clairs des hit-parades tu t'es mis à briller comme un phare dans la nuit bleu pétrole.

VERTIGE DE L'AMOUR

Tu avais la grâce des vrais rebelles qui refusent tout compromis, l'élégance des grands romantiques qui crèvent l'oreiller quand ils rêvent trop fort. Avec "Vertige de l'amour" le succès t'as cueilli pour la deuxième fois et tu t'es dis danger, c'est comment qu'on freine ? Au fil des années, délaissant les grands axes, toujours tu as préféré les contre-allées, sans jamais cesser de revenir à tes premières amours, le rock'n'roll de Buddy Holly, Johnny Kidd, Elvis Presley, Bob Dylan, Jimi Hendrix. Sensuel, tu as troublé avec tes variations sur "Madame rêve" ; pyromane, t'es revenu mettre le feu aux playlists avec ce riff historique

OSEZ JOSEPHINE

Ta carrière, Bashung, est comme une leçon : personne ne t'a jamais pris en flagrant délit de lâcheté, toujours tu as lutté et ta petite entreprise n'a jamais connu la crise. Tu campais à mille milles de la mêlée, tout là-haut sur les cimes inexplorées, tu inventais une nouvelle grammaire, tu fouillais les plaies blessures de ta langue natale, tu posais à la chanson des montagnes de questions dont toi seul connaissais les réponses. Les Victoires de la Musique n'ont jamais cessé de te fêter – quand elles ont célébré leur vingtième anniversaire, ta "Fantaisie militaire" fut même couronnée "meilleur album des 20 dernières années".

LA NUIT JE MENS

Bashung, tu fus un éclaireur, un chanteur engagé, missionnaire des imprudences, voyageur solitaire. Et quand le crabe t'a attaqué, tu as bombé le torse, bombé, et jusqu'au bout de tes forces sur la route tu nous as enchantés. Ultime élégance ici, aux Victoires, sur la scène du Zénith, puis les ténèbres t'ont englouti, mais comme le chat de Lewis Carroll ton sourire continue à flotter dans les airs, tout comme ta voix qui est là, qui résonne dans nos têtes, qui jamais ne s'éteindra.

RESIDENTS DE LA REPUBLIQUE

 



L’ARTISTE INTERPRÈTE MASCULIN DE L’ANNEE :

BENABAR
Nommé en 2003 dans les catégories Révélation et Révélation scène, Victoire de l'Album de chansons / variétés en 2004 pour « Les Risques du métier », Artiste interprète masculin et Chanson de l'année (pour Le Dîner) en 2007, Bénabar est devenu une valeur sûre, au grand dam des mesquins qui trouvent intolérables son succès populaire et ses chansons qui parlent avec humour du quotidien. Paru fin 2008, « L'Infréquentable » a dépassé le demi-million d'exemplaires et sa tournée, débutée au cœur de l'hiver 2009, a fait le plein partout, y compris six Zéniths et un Bercy à Paris. On l'a aussi vu au printemps dernier au cinéma dans Incognito d'Éric Lavaine, avec Franck Dubosc et le regretté Jocelyn Quivrin.

Benjamin BIOLAY
Trois fois nommé cette année – Interprète masculin, Album de l'année, Chanson de l'année pour La Superbe – Biolay a déjà foulé la scène des Victoires : en 2001 en tant que co-auteur de trois chansons sur l'album « Chambre avec vue » d'Henri Salvador et en 2002 lorsque « Rose Kennedy » fut sacré Album révélation. Natif de Villefranche-sur-Saône (gamin, il a fait partie, avec son père, de la fanfare municipale ; il jouait du tuba !), 37 ans depuis peu, Benjamin a créé la surprise avec un double album somptueux et un succès commercial qui lui échappait depuis des années. "Il faut garder sa superbe en toute occasion, même quand c'est difficile", affirme-t-il. Son panache sera-t-il récompensé à sa juste mesure ?

Johnny HALLYDAY
On peut dire qu'il nous a donné des sueurs froides, dans les derniers jours de 2009, alors que ses millions de fans étaient suspendus aux derniers communiqués en provenance de Los Angeles, où il était hospitalisé. À quelques semaines du 50ème anniversaire de sa stupéfiante carrière (son tout premier 45 tours est paru le 14 mars 1960), l'alerte fut chaude, au terme d'une année bien remplie : dans la foulée de l'album « Ça ne finira jamais », on l'a vu au cinéma (dans Vengeance, de Johnnie To) et démarrer sa tournée d'adieu (« Tour 66 », également nommé dans la catégorie Spectacle musical / tournée / concert de l'année) dont les dernières dates ont été annulées pour raison de santé. Avant un retour triomphal ?

Marc LAVOINE
Une seule Victoire en vingt-sept ans de carrière, c'est peu (en 1997, pour le clip de C'est ça la France). Et c'est injuste : depuis Elle a les yeux revolver (1985) jusqu'à l'album « L'Heure d'été » (2005, 600.000 exemplaires écoulés), cet éternel beau gosse a enchaîné avec goût les chansons de qualité et les duos chics (compilés sur « Les Duos de Marc »). En parallèle de sa belle carrière au cinéma, il nous est revenu avec l'intimiste « 10 », sur des mélodies signées Julien Clerc, Christophe Casanave, Lulu Gainsbourg, Bertrand Burgalat et, bien sûr, par le fidèle Fabrice Aboulker. En duo – une tradition, désormais ! – il chante Lentement avec sa fille Yasmine et La Grande Amour avec Valérie Lemercier.


L’ARTISTE INTERPRETE FEMININE DE L’ANNÉE :

Charlotte GAINSBOURG
Alors que triomphe dans les salles le film consacré à son père (Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar), Charlotte, récemment sacrée meilleure actrice au Festival de Cannes pour Antichrist de Lars Von Trier, poursuit sereinement sa nouvelle carrière de chanteuse. Après « 5:55 » (2006), créé avec la complicité du duo versaillais Air et du producteur anglais Nigel Godrich (Radiohead, etc.), elle a fait appel à l'Américain Beck, un fan avoué de son papa (il avait autrefois rendu hommage à « Histoire de Melody Nelson »). Évanescente, gracieuse, toujours aussi terriblement timide, Charlotte est également nommée dans les catégories Album de l'année (pour « I.R.M. ») et Vidéo-clip de l'année (pour le duo Heaven Can Wait).

Emily LOIZEAU
Née en 1975 d'un père français et d'une maman britannique, l'auteure-compositrice-interprète Emily Loizeau s'est envolée dès la sortie (en 2006) de son premier album, porté par des chansons piquantes comme L'Autre Bout du monde. Nommée en 2008 dans la catégorie Groupe ou artiste révélation scène, elle a publié l'album « Pays sauvage » en mars 2009 : "un disque hippie" de son propre aveu, avec plein d'invités (Jeanne Cherhal, Olivia Ruiz, Danyel Waro, Herman Düne, Thomas Fersen, Moriarty…). Actuellement en tournée avec ses musiciens fétiches (Cyril Avèque, batterie et percussions ; Olivier Koundouno, violoncelle), Emily excelle sur scène ; elle nous l'a encore prouvé en décembre 2009, à l'Olympia.

MAURANE
Deux ans après « Si aujourd'hui » et une autobiographie remarquée (La Vie en rouge…), Maurane a décidé de consacrer tout un album à l'un de ses héros, Claude Nougaro, à qui elle consacrait déjà une chanson au début de sa carrière : Morceau en forme de Nougarose (1986). Plus tard, elle l'a rencontré : Lorsque je faisais des virées avec Nougaro, nous étions comme deux potes. On se faisait des confidences, on s’engueulait comme deux mecs ! Pour « Nougaro ou l'espérance en l'homme », secondée par la crème des arrangeurs (David Lewis, Fred Pallem, Dominique Cravic…), Maurane a choisi quinze de ses plus belles chansons (Le Jazz et la java, Armstrong, Bidonville) : le "Petit Taureau" aurait adoré ce bel hommage.

Olivia RUIZ
"Être une meuf provinciale, peser 46 kilos et mesurer 1 mètre 10 les bras levés, c'est pas la joie en studio" avait coutume de dire l'irrésistible Olivia, deux fois nommée cette année (également dans la catégorie Vidéo-clip de l'année pour Elle panique) : d'avoir vendu un million d'exemplaires de « La Femme chocolat » ne l'a pas rassurée. "Certaines chanteuses s'engagent politiquement : moi, je suis engagée contre tout ce que je suis qui ne me va pas" a-t-elle confié aux Inrockuptibles. Meilleur remède contre l'angoisse : se jeter dans l'action, tel l'enregistrement de l'album « Miss Météores » avec l'aide de son fiancé Mathias Malzieu, de son frère Toan (sur Le Saule pleureur) et de son père Didier Blanc.


LE GROUPE OU L’ARTISTE RÉVÉLATION DU PUBLIC DE L’ANNÉE :

CŒUR DE PIRATE
Deux fois nommée (aussi dans la catégorie Chanson originale de l'année pour Comme des enfants), la Québécoise Béatrice Martin – alias Cœur de Pirate – a fêté son 20ème anniversaire et son premier disque de platine en septembre 2009. Sa maturité artistique est étonnante : avec ses tatouages de rockeuse et sa voix au grain attachant, elle n'a pas fini de faire des ravages et de nous apprendre plein de choses sur les sentiments et la solitude d'une Lolita tendre et coquine. Seule au piano, elle a conquis le public du Printemps de Bourges ; le 15 mars prochain, elle connaîtra la consécration de l'Olympia.

GRÉGOIRE
Dans la catégorie conte de fée, dans un contexte que l'on croyait morose, voici l'histoire du premier artiste français produit par les internautes. Ils ont investi au total 70.000 € et ont été amplement récompensés, les ventes de l'album se chiffrant désormais en centaines de milliers d'exemplaires. Porté par la chanson Toi + moi, qui a été choisie par la chorale des Enfoirés au grand complet en ouverture de leur spectacle 2009 à Paris-Bercy, l'album a été défendu sur scène par son auteur, qui n'en revient pas de son aventure mais, dit-il, "n'arrête pas de composer comme un fou" pour préparer la suite.

LA FOUINE
Aussi nommé dans la catégorie Album de musiques urbaines, La Fouine – pour son regard perçant – a décidément Quelque chose de spécial, pour citer l'un de ses premiers succès. Né à Trappes en 1981, il est tombé dans le chaudron du rap en plein âge d'or de la scène française : il lui rend hommage sur son troisième album. Tatoué par la vie, il a longtemps galéré avant de trouver ses repères et de réaliser son rêve en mai 2009 en foulant tel son héros Jacques Brel la scène de l'Olympia : Qui peut me stopper ? demandait-il déjà en 2007 ; aujourd'hui, avec son double disque d'or, on a la réponse : personne !

PONY PONY RUN RUN
Dans la seconde moitié des années 1970 est née l'expression Power Pop pour qualifier une nouvelle génération de groupes assumant avec fierté l'héritage des sixties, sans états d'âme, sans élitisme. Le terme s'applique à merveille à ce trio nantais (deux frangins, Gaëtan et Amaël, et leur pote Antonin se partagent guitares, basses et synthés) qui assume sa culture pop globale, toutes décennies confondues, avec un parfait éclectisme. Pony Pony Run Run chante en anglais et son premier album, porté par le hit Hey You, ne contient que des mélodies éminemment tubesques que les Anglais nous envient !

LE GROUPE OU L’ARTISTE REVELATION SCÈNE DE L’ANNÉE :

IZÏA
Décidément une belle progéniture que celle de Jacques Higelin : après les demi-frères Arthur H. et Ken Higelin (ce dernier fils de Kuelan qui inspira à Iggy Pop la chanson China Girl, un tube par David Bowie), voici Izïa. Amusante coïncidence : c'est en juin 2007, en première partie du même Iggy Pop (avec ses Stooges), que les spectateurs du Palais des Sports de Paris se prennent en pleine face cette rockeuse sidérante et furieuse, âgée alors d'à peine 16 ans ! Deux ans et un nombre insensé de concerts plus tard, son bonheur de chanter et rugir sur scène a déjà laissé des milliers de fans sur le flanc.

Ariane MOFFATT
La France a découvert la bluffante Moffatt avec sa version "duo dub virtuel" de La Bonne Étoile de –M– : au Québec, cette ex-claviériste de Daniel Bélanger faisait déjà parler d'elle depuis la sortie en 2002 d'"Aquanaute", son premier album. Celui-ci a été suivi par "Le Cœur dans la tête" et enfin "Tous les sens", porté par le radiophonique Je veux tout, en 2009. Quand il s'agit de groover en français dans le texte, Ariane a peu de rivales; biberonnée au R'n'B américain, cette jeune trentenaire démontre sur scène un étourdissant savoir-faire : elle s'éclate, ça se sent et se partage instantanément !

REVOLVER
Publier douze chansons pop impeccables (« Music For A While », nommé dans la catégorie Album révélation de l'année) ne suffit pas : certes les harmonies vocales sont enchanteresses, les mélodies irrésistibles et les arrangements de cordes dignes des Beatles période Eleanor Rigby, mais il faut aussi faire ses preuves sur scène ! Après sa période acoustique, le trio est passé à l'électricité et a recruté un batteur, sans oublier ses racines classiques : Nous emmenons le spectateur dans un univers, en exagérant notre caractère intimiste, explique Revolver, qui ne cesse de tourner depuis la sortie de son excellent premier album.

SHAKA PONK
Ils ont intitulé leur deuxième album « Bad Porn Movie Trax » (mauvaise bande-son de film porno). Sur la pochette leur singe mascotte Goz vous tire la langue en guise de bienvenue : Shaka Ponk est de retour, après deux années passées à Berlin, et il ne plaisante pas. Le quintet mené par Frah (chanteur) et CC (guitares) maîtrise son sujet : un rock fusion azimuté (How We Kill Stars), parfaitement réjouissant. Assurer la première partie de Mötörhead au festival Voix du Gaou n'était qu'un hors d'œuvre avant une tournée fracassante : sur scène Shaka Ponk donne un sens nouveau à l'expression "furia musicale" !

L’ALBUM REVELATION DE L’ANNEE :

« Archimède » - ARCHIMÈDE
D'éminents critiques voient en eux le meilleur groupe rock français des années 2000 : il est un fait que les deux frangins de Laval, dandies sans être poseurs, ont signé un premier album sans erreur, quelque part entre Oasis et Jacques Dutronc. Ils connaissent leurs classiques et les ont bien infusés… Les mélodies sont efficaces et les paroles classieuses : Merde à l'hiver et merde aux envieux / Qui turbinent à la solde des rentiers vétilleux (L'Été revient) ; Cathy catéchisait / Quand je lui soumettais / Mes envies d'aller kamasoutrer (Eva et les autres). Des trouvailles comme ça, Archimède vous en offre à la pelle !

« Music For A While » - REVOLVER
Culotté, d'emprunter son nom à l'un des chefs d'œuvre avérés des Beatles, non ? Trente-deux ans après l'album homonyme des Fab Four, ce trio parisien (Ambroise, Christophe, Jérémie) s'est fait connaître par un premier E.P., « Pop de chambre », suivi en 2009 par l'album « Music For A While ». L'influence sixties est avérée, mais pas seulement : il y a du Elliott Smith et de la musique baroque chez ces garçons qui privilégient l'acoustique (guitares sèches, violoncelle) et ont appris à marier leurs voix, enfants, à la maîtrise de Notre-Dame. Résultat : douze bijoux pop en anglais qui brillent de mille feux.

« Paint Your Face » - SLIIMY
Stupéfaits, nous avons découvert cette sauterelle à la voix androgyne au cœur du printemps 2009 : des chansons joyeuses, un nom manga, une garde-robe débordant de fringues vintage multicolores et un buzz démentiel démarré sur MySpace, il n'en fallait pas plus pour propulser ce très jeune chanteur (20 ans à la sortie de « Paint Your Face ») simultanément à la une des médias français mais aussi sur le site U.S. de Perez Hilton (le trendsetter n° 1 sur le Web) et les Twitters de Lady Gaga et Britney Spears. Tout cela en se produisant sur les scènes des festivals rock de l'été, jusqu'au Summer Sonic au Japon !

« Tree Of Life » - YODELICE
Précoce, à 9 ans déjà Maxim Nucci – né en 1979 – composait ses premières chansons. Beaucoup plus tard, il fait ses débuts comme producteur (L5), compositeur (Jenifer), il joue la comédie au côté de Richard Anconina dans Alive de Frédéric Berthe, dont il compose la bande originale, et publie un premier album (2006), catégorie pop-rock. Empruntant son look à Tim Burton (le chapeau melon à plumes, la guitare en forme de tête de mort !), Maxim s'est réinventé en Yodelice, chantant (en anglais) un folk hanté et vagabond, rodé sur la route en amont de la sortie de cet album accrocheur. Déjà un tube certifié (Sunday With a Flu, clippé par Guillaume Canet) : l'aventure ne fait que commencer.

L’ALBUM DE L’ANNÉE :

« La Superbe » - Benjamin BIOLAY
Benjamin a plus d'un point commun avec Gainsbourg, l'un de ses héros : comme lui, il met ses talents d'auteur, compositeur, arrangeur ou producteur au service de multiples interprètes ; comme lui, il a eu du mal, trop longtemps, à s'imposer avec ses propres albums. C'est en train de changer : disque d'or, tournée (en cours) triomphale, tout cela grâce à ce double album (vingt-deux chansons) qui s'écoute comme un film, comme l'ambitieuse bande originale d'une vie où se bousculent les sentiments, les histoires d'amour déçues (Brandt Rhapsodie, en duo avec Jeanne Cherhal), un enfant (Ton héritage), les envies d'échappée belle (Prenons le large) et une mélancolie élégante qui – enfin ! – laisse entrer le soleil.

« I.R.M. » - Charlotte GAINSBOURG
« I.R.M. » pour Imagerie par Résonance Magnétique… Comme elle l'a expliqué en interview, Charlotte a eu l'idée du titre de son nouvel album alors qu'elle subissait des examens à la suite de son dramatique accident de jet-ski, en 2007. Le multi-instrumentiste californien Beck Hansen, qui en signe paroles et musiques, s'est humblement mis au service de sa voix légère comme des volutes de fumée, entre murmure et mystère. Chanté essentiellement en anglais, « I.R.M. » contient quelques vers d'Apollinaire (La Collectionneuse), une reprise inattendue d'un titre signé par le Québécois Jean-Pierre Ferland (Le Chat du Café des Artistes) et Heaven Can Wait, nommé dans la catégorie Vidéo-clip de l'année.

« Mister Mystère » - -M-
Le titre de son dernier album, a confié Matthieu Chedid à Libération, est "une formule magique qui m'est tombée dessus. Je l'avais écrit un jour sur un cahier. Le lendemain Brigitte Fontaine m'appelle et me dit qu'elle m'avait écrit un texte intitulé Mister Mystère… Coïncidence totale !" Six ans après « Qui de nous deux ? », celui qui avait remporté quatre Victoires de la Musique en 2005 et s'était auto-éclipsé depuis trois ans – hormis un duo avec Sean Lennon, fils de John, et un album suivi d'une tournée avec Vanessa Paradis – nous est revenu avec un album en demi-teinte : -M- s'interroge sur son double (Le Roi des ombres), sa sensualité (Tanagra) et l'impudeur des sentiments (Est-ce que c'est ça ?).

« Welcome To The Magic World Of Captain Samouraï Flower » - Pascal OBISPO
Obispo aime les déguisements : on l'avait vu durant la tournée « Fan », récompensée en 2004 par une Victoire, catégorie Spectacle musical – son look "clone de Polnareff" est encore dans toutes les mémoires, tout comme son rôle de Vitoo dans le clip Mauvaise foi nocturne de Fatal Bazooka, avec Michaël Youn. Il nous revient sous les traits du Captain Samouraï Flower, défenseur de l'environnement, avec un concept album illustré par Marc Maggiori (graphiste, il a aussi signé les clips de Idéaliste et Le Drapeau) qui est également au cœur de son nouveau spectacle résolument pop (depuis le 26 février), une "odyssée fantastique, poétique et positive" qui voit Captain Obispo embarquer sur "L'Arche de Noway" !


L’ALBUM ROCK DE L’ANNÉE :

« Nico Teen Love » - B.B. BRUNES
Déjà lauréats l'année dernière dans la catégorie Groupe ou artiste révélation scène de l'année, les B.B. Brunes ont livré sans tarder la suite du premier album 100% rock'n'roll et platiné (« Blonde comme moi »). Attendu fiévreusement par les hordes de fans à leur image, en Ray-Bans, jeans ultra-slim, badge des Strokes et boots anglaises, « Nico Teen Love » est littéralement blindé de tubes qui font les délices des radios rock comme Dynamite, Seul ou accompagné ou encore Lalalove You qui pourrait bien, avec son ambiance slow sixties, devenir le premier succès transgénérationnel de la bande à Adrien Gallo. En tournée depuis janvier (Olympia le 10 février), les B.B. ont grandi et leur passion est intacte !

« La Musique – la matière » - Dominique A
Le Nantais Dominique A. appartient au club des grands auteurs assassins et tristes (Il ne faut pas souhaiter la mort des gens / ça n'est jamais assez méchant). Ses trois premiers albums – « La Fossette », révélation en 1992, « Si je connais Harry », confirmation en 1993, « La Mémoire neuve », annoncé par Le Twenty-Two Bar, en 1995 – avaient séduit par l'économie de moyens : leur influence sur la génération qui a suivi (la "nouvelle chanson française" des années 2000) est incalculable. Avec son huitième album, sans se départir de l'indicible spleen qui a fait sa notoriété, Dominique A. fait le grand écart entre le minimalisme glacé de ses débuts et une luxuriance électro-pop qui réchauffe les sens.

« La République des Meteors » - INDOCHINE
Mal aimée, la bande à Nicola Sirkis ? Par les fans, certainement pas : le triomphe actuel du "Meteor Tour", pour lequel le groupe est également nommé cette année, dans la catégorie Spectacle musical / tournée / concert de l'année, en est la preuve. Par le métier, en revanche, on se pose la question. On ne compte que deux récompenses majeures en près de trente ans de carrière : un Bus d'Acier en 1983 et une Victoire de la musique vingt ans après pour l'album "Paradize". Rebelote en 2010 pour ce onzième opus que Nicola a voulu "bouleversant", s'inspirant à la fois par l'exposition Prenez soin de vous de Sophie Calle et les lettres de soldats de la guerre 14-18 ? Réponse en direct sur France2 le 6 mars.

« Izia » - IZÏA
Également nommée dans la catégorie Groupe ou artiste révélation scène de l'année, Izïa a publié son premier album éponyme à quelques semaines seulement de son 19ème anniversaire : la plus jeune fille de Jacques Higelin, véritable tornade rock, quelque part entre Janis Joplin, Karen O (Yeah Yeah Yeahs) et Beth Ditto (Gossip), nous balance en trombe et en anglais douze bombes de pure colère rock'n'rollienne, du calibre de Let Me Alone, Back In Town et Hey Bitch. Secondée par un trio de killers (Sébastien aux guitares, Antoine à la basse, Vincent à la batterie), avec un coup de main d'Erwin Autrique au studio ICP, Izïa a produit elle-même son disque, concentré de saine brutalité qui sidère les plus blasés.


L’ALBUM DE MUSIQUES URBAINES DE L’ANNEE :

« Réel » - Kery JAMES
Déjà nommé l'an dernier pour « À l’ombre du show business » (qui contenait un duo avec Charles Aznavour, son héros, et totalise plus de 100.000 ventes), celui qu'on surnomme le sage du hip-hop nous est revenu avec « Réel », n° 1 des ventes dès sa sortie. Brutal (Le Rap français, celui qui transcende les re-frè, les inspire au progrès), donneur de leçon (Réel, qui s'adresse à ceux qui confondent la réalité avec Scarface), lucide (j'pratique un art triste / tristement réel), Kery s'interroge dans Je représente : "C'est à cela que sert le rap, expliquait-il à Libération. Représenter signifie exister. Si on ne voit pas son image dans les médias comme dans un miroir, on a l'impression de ne pas être reconnu".

« Crise de conscience » - KOOL SHEN
On croyait que l'histoire du plus grand groupe rap français s'était achevée en décembre 1998, pour cause de différences irréconciliables. On se trompait : moins de dix ans plus tard, galvanisés par le succès de leur best-of, JoeyStarr et Kool Shen ont relancé la machine N.T.M. avec le succès que l'on sait. Reprenant son indépendance, Kool Shen, 43 ans, regarde la France comme un miroir explosé, en couverture de son dernier album solo : sa flamme est intacte, la rage ne l'a pas quitté (J'reviens, featuring JoeyStarr) mais sa « Crise de conscience » le pousse à vanner les gamins paumés des années 2000 (C'est bouillant) et déglinguer les mythomanes du hip-hop en quelques rimes assassines (Rappelle-toi).

« Mes repères » - LA FOUINE
La force de La Fouine c'est d'être resté, du haut de ses 28 ans, proche des ados qui le plébiscitent : comme il l'affirme sur l'un des meilleurs titres de « Mes repères », son troisième album, on est Tous les mêmes. Avant l'ascenseur de la réussite, il a connu la spirale de l'échec : mitard, foyer, zonzon. Puis Laouni est reparti à zéro et chaque album, chaque titre, chaque mix-tape a fait grandir le cercle de ses fans : Man si on est là c'est qu'on fait l'taf, gros ! Entre deux blagues macho, cet enfant du rap – comme on disait enfant du rock – fait passer des messages positifs sur des sons synthétiques, vocodérisés et efficaces, à l'instar de Hamdoulah moi ça va, featuring son petit frère Canardo !

« L'Arme de paix » - Oxmo PUCCINO
Oxmo est une bombe à retardement qui nous explosa sous le nez en 1998 avec « Opéra Puccino ». D'emblée, il s'imposa comme l'électron libre du rap français : écriture enlevée, poésie du réel, L'Enfant seul marqua son temps. Suivirent « L'Amour est mort », le tube Avoir des potes en duo avec Rico, « Cactus de Sibérie » et « Lipopette Bar », avec les Jazzbastards, réussite artistique et groove organique salués par la critique. Quelques voyages plus tard Oxmo nous est revenu avec « L'Arme de paix », aux antipodes des clichés éculés du rap frenchy, sous une pochette surprenante : on y voit celui qu'on surnomme le Black Jacques Brel la larme à l'œil. Vous en connaissez beaucoup, vous, des rappeurs qui pleurent ?


L’ALBUM DE MUSIQUES DU MONDE DE L’ANNÉE :

« Welcome To Mali » - AMADOU et MARIAM
En 2008, en guise de prélude à leur dernier album, Amadou et Mariam ont publié leur autobiographie (À part la lumière du jour) : les griots aveugles de Bamako, mariés depuis bientôt 30 ans, y dévoilent le secret de leur histoire d'amour. La musique y occupe bien sûr une place majeure, avec son lot de disques d'or et de récompenses, y compris une Victoire de la Musique en 2005 pour « Dimanche à Bamako », produit par Manu Chao. Sur « Welcome To Mali » on croise des invités de haut vol (Damon Albarn, Matthieu Chedid, etc.) mais la recette n'a pas changé depuis Je pense à toi et Mon amour ma chérie, les tubes qui les ont lancés, en 1998 : un charmant mélange de fraîcheur, de gentillesse et de sincérité.

« Nha Sentimento » - Cesaria EVORA
Déjà deux fois récompensée par les Victoires de la musique (en 2000 pour « Cafe Atlantico » et en 2004 pour « Voz d'Amor », également couronné aux États-Unis par un Grammy Award), Cesaria Evora – alias "la diva aux pieds nus" – avait également été nommée en 2007 pour « Rogamar ». La chanteuse à qui l'on doit d'avoir popularisé les rythmes langoureux, sensuels et mélancoliques du Cap Vert (coladeras, mornas), s'est vu remettre en février 2009 les insignes de chevalier de la Légion d'Honneur : nouvelle preuve de sa longue et belle histoire d'amour avec la France, démarrée en 1992 avec l'irrésistible Sodade et symbolisée aujourd'hui par ce « Nha Sentimento » dansant et sucré, simple et sophistiqué.

« La Différence » - Salif KEITA
Son glorieux aïeul Soundjata Keita, fondateur de l'empire mandingue au XIIème siècle, doit être fier de lui : à 60 ans (depuis août 2009), le magicien malien Salif Keita n'a rien perdu de l'énergie qui faisait déjà de lui l'un des piliers des Ambassadeurs de Bamako dans les années 1970. Succédant à « Moffou » (qui contenait un duo avec Cesaria Evora, ainsi que la version originale de Madan, hymne club de l'année 2003 après avoir été remixé par Martin Solveig), à « M'Bemba » (2005) et au single Nou Pas Bouger en duo avec les rappeurs de L'Skadrille (contre les expulsions arbitraires de sans-papiers, 2007), son dernier opus est un audacieux mélange de musiques mandingues, arabes et occidentales.

« Bonjour » - Rachid TAHA
Nommé en 2007 pour l'album « Diwan 2 » qui rendait hommage aux grands noms de la chanson arabe, d'Oran à Belleville, du bled à Barbès, de l'Égypte à la casbah, le grand Rachid – l'un des artistes français qui s'exportent le mieux, y compris en Grande-Bretagne où l'on a adoré sa version de Rock The Casbah du Clash – nous est revenu avec un album produit par Mark Plati (David Bowie, etc.) et Gaëtan Roussel. Cet ex-membre de Louise Attaque et de Tarmac, compositeur de plusieurs titres du superbe « Bleu pétrole » d'Alain Bashung chante en duo avec Taha l'irrésistible Bonjour, titre phare de ce huitième album solo qui s'ouvre sur le craquant Je t'aime mon amour, que n'aurait pas renié Amadou et Mariam !


L’ENREGISTREMENT DE MUSIQUES ELECTRONIQUES OU DANCE DE L’ANNÉE :

« Love 2 » - AIR
Versailles, son château, ses jardins, son potager du Roy, son lycée Jules Ferry où se rencontrent Jean-Benoît Dunckel et de Nicolas Godin. Dès 1998 le buzz frétille quand on découvre Air et son Sexy Boy ; rapidement le premier album, « Moon Safari », récompensé par une Victoire de la musique, frôle les deux millions d'exemplaires vendus dans le monde. Quatre autres albums ont suivi (dont la b.o. de The Virgin Suicides de Sofia Coppola), ainsi que des collaborations au sommet (l'album « 5:55 » de Charlotte Gainsbourg) jusqu'à ce « Love 2 » romantique, exalté et gorgé de mélodies pop infaillibles (Do The Joy, Sing Sang Sung, etc.), enregistré dans leur tout nouveau studio, longtemps rêvé, enfin réalisé.

« Manual For A Successful Rioting » - BIRDY NAM NAM
Empruntant son nom une expression hilarante employée par Peter Sellers s'adressant à un canari dans le film The Party de Blake Edwards, Birdy Nam Nam réunit quatre as du scratch (Crazy B, DJ Pone, Little Mike et DJ Need). Cinq ans après un premier CD + DVD éponyme, suivi de près par un album live et une poignée de maxis, ces hooligans de la performance scénique (deux Olympia torrides en mai 2009, avant d'écumer les festivals de l'été) ont enfin publié leur deuxième opus studio en forme d'uppercut sonique, produit par Yuksek, l'un des remixeurs français les plus cotés à l'international (Lady Gaga, Moby, Gossip, Mika, etc.), avec des guests comme Vincent Ségal et Cyril Atef (Bumcello) ou les deux de Justice.

« One Love » - David GUETTA
Déjà nommé aux Victoires de la musique en 2003, 2005, 2006 et 2008, David Guetta est systématiquement reparti bredouille, ce qui ne l'a nullement empêché de vendre des millions de disques – et de récolter de multiples récompenses internationales (il était nommé cinq fois aux Grammy Awards le 31 janvier 2010, y compris dans la rubrique Best Dance Album pour « One Love »). Guetta, qui a produit plusieurs titres sur le multi-platiné « The E.N.D. » des Black Eyed Peas (dont l'impeccable I Got A Feeling), a bien entendu invité will.i.am de ces derniers sur « One Love », aux côtés de Chris Willis (complice de toujours) et de Kelly Rowland du trio Destiny's Child (sur le tube planétaire When Love Takes Over).

« In The Mood For Life » - WAX TAILOR
Après « Tales Of The Forgotten Melodies » (2005) et « Hope & Sorrow » (2007), Jean-Christophe Le Saoût, alias Wax Tailor, originaire de Vernon (Eure), nous a proposé « In The Mood For Life » à la rentrée 2009 : une vingtaine d'ambiances cinématographiques, raffinées, rehaussées par les voix de Charlotte Savary, Charlie Winston ou du duo de rappeurs anglais ASM, comme autant d'acteurs au service d'une mise en scène sonore. Souvent étiqueté abstract hip hop ou trip hop, Wax Tailor fait sauter les barrières et passe avec grâce de la soul au jazz, du funk au scratch, à la recherche d'un langage en cinémascope qui prend sur scène toute sa dimension (par exemple les 25 et 26 mars à Paris, à Olympia).


LA CHANSON ORIGINALE DE L’ANNÉE :

« La Superbe » - Benjamin BIOLAY
Auteur – Compositeur - Arrangeur : Benjamin BIOLAY
Comme auteur, compositeur, arrangeur, producteur, Benjamin a travaillé avec Isabelle Boulay, Juliette Gréco, Hubert Mounier, Bambou et Lulu Gainsbourg, Valérie Lagrange, Daphné, Stephan Eicher, Nada Surf, Dorval, Françoise Hardy, Julien Clerc… Sans oublier bien sûr la sœur de Benjamin, Coralie Clément, ni Élodie Frégé, à qui il destinait La Superbe, avant de changer d'avis et d'en faire le titre phare de son nouvel album, clippé par Clarisse Canteloube avec la participation de Marie-Agnès Gillot, danseuse étoile à l'Opéra de Paris. "Ma vie a commencé au sommet du chaos, explique initiales B.B. ; depuis, elle redescend lentement vers l'apaisement" : cette chanson, forcément superbe, en est la preuve.

« C'est dit » - CALOGERO
Auteur : Jean-Jacques GOLDMAN - Compositeur : CALOGERO
Il ne vous aura pas échappé que Jean-Jacques Goldman s'est fait rare depuis l'album « Chansons pour les pieds » (2001) et la tournée qui a suivi. Depuis cette date, il écrit et/ou compose ponctuellement pour l'une ou l'autre (Liane Foly, Patrick Fiori, Garou, etc.). Quand Calogero lui a demandé d'écrire un texte traitant de l'amitié, Jean-Jacques a fidèlement traduit le ressenti de son interprète avec des mots simples et lumineux : Je ne suis riche que de mes amis, c'est dit… Pour l'album « L'Embellie », son cinquième, paru au printemps 2009, Calogero a aussi fait appel aux talents de parolier de Dominique A., Kent, Grand Corps Malade, Alana Filippi, Dick Annegarn, Pierre Lapointe et Marc Lavoine.

« Comme des enfants » - CŒUR DE PIRATE
Auteur - Compositeur : Béatrice MARTIN
"Un pseudonyme de flibustière pour une bouille de moussaillon" a pertinemment écrit un collègue à propos de cette baby-doll montréalaise également nommée dans la catégorie Groupe ou artiste révélation de l'année. Tout a été très vite pour Béatrice Martin, avec sa voix faussement naïve, qui explique "soigner ses peines de cœur en écrivant et composant des chansons" : des maquettes sur MySpace, un producteur qui la contacte, un premier album enregistré dans la foulée (à 19 ans seulement), la réactivité d'un label français… Et depuis le printemps 2009 on ne compte plus les fiancés de cette pirate, autrement dit les fans qui ont fait de Comme des enfants l'un des plus jolis tubes romantiques de l'été.

« Ça m'énerve » - Helmut FRITZ
Auteur : Helmut FRITZ - Compositeur : Laurent KONRAD – Mohammed SADEGHIN
Vous rêviez d'un tube techno chanté par le Kaiser Karl Lagerfeld ? Helmut Fritz (Éric Greff de son vrai nom) l'a fait : "le concept a surgi un matin entre un café et une tartine de Nutella" dit celui qui, avec son faux accent allemand et ce ton goguenard qui rappelle Brüno (Sacha Baron Cohen), adore citer des marques : Zadig & Voltaire, Jimmy Choo, Weston, Ladurée… de toute façon, ça l'énerve ! Si le tube vous a plu, sachez que les dix autres chansons de l'album (« En observation ») déclinent le même concept. Tout y passe : les vendeurs de fringues, les embouteillages, le iPod de votre voisin de bus, les gilets jaunes fluo sur le siège passager, les snobs de Saint-Tropez et bien sûr les Miss France !


LE SPECTACLE MUSICAL/LA TOURNÉE/LE CONCERT DE L’ANNÉE :

Vincent DELERM à la Cigale, au Bataclan et en Tournée
Production : ASTERIOS SPECTACLES
À la suite de « 15 Chansons », paru à l'automne 2008, comme il ne manque jamais de le faire, Delerm est parti sur les routes défendre son dernier album. On le sait, il est souvent question de cinéma dans ses chansons depuis Fanny Ardant et moi ; c'est flagrant sur ce dernier disque, où l'on croise Ken Loach, Betty Davis et des acteurs qui s'appellent Terence. D'où l'idée d'un spectacle tournant autour… du cinéma, que Vincent a mené sur les routes du 23 janvier au 18 juillet, comme il le raconte en mots et en photos – et avec cet humour qui n'appartient qu'à lui – dans le livre magnifique qui accompagne la captation de son spectacle au Bataclan, également nommée dans la catégorie DVD musical de l'année.

« Tour 66 » - Johnny HALLYDAY au Stade de France et en Tournée
Production : JEAN-CLAUDE CAMUS PRODUCTIONS
Interrompu pour raison de santé, le « Tour 66 » (sous-titré "m'arrêter là… avec vous") a démarré en mai 2009 et fait étape, pour trois soirs, au Stade de France à Saint-Denis. Un concert immortalisé par un coffret collector contenant quatre CD, deux DVD et deux disques vinyles 25 centimètres. Pour cette tournée d'adieu en forme de best-of, Johnny a visité toutes les époques de son prodigieux répertoire : les années 1960 (Le Pénitencier, Noir c'est noir, Les Coups, Que je t'aime), 70 (Gabrielle, La musique que j'aime), 80 (Quelque chose de Tennessee, L'Envie), 90 (Allumer le feu) et 2000 (Marie, Ça ne finira jamais), avant de conclure en apothéose avec une émouvante version de Et maintenant de Gilbert Bécaud.

« Meteor Tour » - INDOCHINE en Tournée
Production : ARACHNEE PRODUCTIONS
"Les concerts d'Indochine sont l'un des rares spectacles où l'on peut croiser un père et sa fille, sans savoir lequel a emmené l'autre", relevait pertinemment un journaliste du Progrès, à Lyon : le papa est fan depuis L'Aventurier, en 1982, la gamine depuis J'ai demandé à la Lune, en 2002. Sitôt annoncé, le Meteor Tour a fait le plein : trente Zéniths et équivalents entre octobre et décembre 2009, une vingtaine de concerts supplémentaires en mars-avril 2010, tout cela en attendant bien sûr la consécration du Stade de France le 26 juin, concert pour la promotion duquel Nicola et ses complices n'ont pas hésité à poser (presque) nus sur affiche géante, en bordure du périphérique parisien, dès la fin 2008 !

-M- à la Cigale
Production : AUGURI PRODUCTIONS
La tournée En tête à tête, par sa durée et son gigantisme (cf le DVD du spectacle, paru en 2005), l'avait enchanté et miné dans le même temps : que faire, après ? Eh bien prendre son temps, s'aérer la tête avec des projets parallèles, composer et tourner pour Vanessa Paradis… et réfléchir. D'où le côté introspectif et très personnel du dernier album et la caricature de -M- (cette perruque ! ces lunettes !) qu'il offre à ses fans dans son nouveau show, avant de tomber le masque et de se montrer sans artifice. Sa tournée, débutée en novembre, y compris cinq dates à la Cigale parisienne, a repris en février et se prolongera jusqu'en juin, avec entre autres une douzaine de concerts à l'Olympia.

LE VIDÉO-CLIP DE L’ANNÉE :

« Les Affranchis » - Alexis HK - Réalisateur : Charlotte SILVERA
J'ai toujours rêvé d'être un gangster / Un affranchi… La réalisatrice de cinéma Charlotte Silvera (Louise l'insoumise, Prisonnières, etc.) a pris l'excellent Alexis HK au mot : Entre toutes les familles du milieu, les règles sont strictes / Et chacune a son territoire de jeu. Elle a donc réuni dans un club de rêve, et filmé à la Scorsese, les chefs de clan de la chanson française, représentés par Charles Aznavour, Stomy Bugsy, Passi, Armande Altaï, Jeanne Cherhal, Renan Luce, Yves Duteil, Michel Fugain, Agnès Bihl, Mathias Malzieu, Olivia Ruiz, Emma Daumas, Ours, Jean Guidoni, etc., avec Juliette dans le rôle de la tenancière et Jean-Louis Foulquier (qui d'autre ?) dans celui du Parrain !

« Heaven Can Wait » - Charlotte GAINSBOURG - Réalisateur : Keith SCHOFIELD
Filmée par les plus prestigieux cinéastes (Patrice Chéreau, Lars von Trier, Todd Haynes, Michel Gondry, Jacques Doillon, Claude Miller, Bertrand Blier, Claude Berri,…), Charlotte avait été clippée, pour les titres de son précédent album (« 5:55 ») par Nathalie Canguilhem, Yvan Attal et Jean-Baptiste Mondino. Pour Heaven Can Wait, premier extrait de « I.R.M. » elle a fait confiance à l'Américain Keith Schofield, déjà récompensé pour le clip Bad Blood de Supergrass. Auteur de clips pour The Notwist, Death Cab For Cutie, les Ting Tings, etc., Schofield truffe ses images de gags visuels : pour le duo Charlotte / Beck, il nous offre une plongée dans l'Amérique d'en bas, aussi bizarre qu'accueillante.

« Elle panique » - Olivia RUIZ - Réalisateur : Valérie PIRSON
Elle panique à l'idée d'être de trop ou de s'ennuyer un instant… Olivia Ruiz a beau avoir aligné les succès (et deux Victoires en 2007, sont celle de l'Artiste féminine de l'année), elle doute de tout, toujours, ça lessive dans son tambour et ça la rend encore plus attachante ! Cette parano lucide, la réalisatrice Valérie Pirson l'a joyeusement traduite dans son clip peuplé d'un renard trompettiste, de choristes pimpantes et d'un monstre-caboche à la mine chafouine. Pirson, née en 1981, repérée par Michel Gondry grâce au court-métrage Pistache, a travaillé sur les séquences animées de La Science des rêves avant de signer ses premiers clips, pour Olivia (La Femme chocolat) et Tricky.

« Ce que l’on s’aime » - TRYO - Réalisateur : Olivier MEGATON
2009 fut une année riche en émotions pour Tryo : après un album live enregistré durant l'été (trente-trois festivals, un résumé : « Sous les étoiles ») le groupe a fêté en beauté la fin de son énorme tournée 2008/2009 le 16 décembre à Paris-Bercy : déjà un concert de légende. Extrait de « Ce que l’on sème » (l'album), Ce que l’on s’aime (la chanson) a donné lieu à un clip qui met en scène deux vieilles teignes enchaînant sales blagues, coups bas et violence gratuite. Olivier Megaton, déjà auteur de trois films, dont Exit et Le Transporteur 3, produits par Luc Besson, a signé un nombre impressionnant de pubs et de clips, notamment pour Jean-Louis Aubert, Alizée et Kool Shen.


LE DVD MUSICAL DE L’ANNÉE

« Alain Bashung à l’Olympia » - Alain BASHUNG - Réalisateur : Fabien RAYMOND
Déjà nommé aux Victoires pour la réalisation des DVD live de Christophe Maé, Dionysos et, cette année, Étienne Daho, Fabien Raymond – qui a également signé des captations de Bénabar ou Noir Désir – a eu le privilège de filmer deux des derniers concerts de l'ultime tournée d'Alain Bashung, les 10 et 11 juin 2008 à l'Olympia. Soit le spectacle qui avait valu à l'artiste de remporter, on s'en souvient, l'une des trois Victoires reçues sur la scène du Zénith, deux semaines avant sa mort. Près de deux heures de spectacle sur le fil de l'émotion, par un homme affaibli mais soutenu par l'amour de son public, s'achevant sur une reprise de Nights In White Satin des Moody Blues, tout simplement bouleversante.

« La Tournée des roses et des orties » - Francis CABREL - Réalisateur : Patrick SAVEY
Avec « Des roses et des orties », son onzième album studio en un peu plus de trente ans de carrière, Cabrel a atteint un nouveau sommet : un disque de diamant (pour plus de 800.000 exemplaires écoulés) a récompensé des chansons sincères et exemplaires (notamment lorsqu'il évoque la tragédie des sans-papiers : Les Cardinaux en costume, African Tour). Les 11 et 12 décembre 2008, son vieil ami Patrick Savey (déjà auteur d'un documentaire sur les rencontres d'Astaffort et du DVD « Tournée Hors Saison ») a capté avec élégance les vingt-cinq titres du dernier récital du plus West-Coast de nos chanteurs. Parmi les bonus, le duo Francis Cabrel / James Taylor sur Millworker / La Fabrique est un must !

« Daho Pleyel Paris » - Etienne DAHO - Réalisateur : Fabien RAYMOND
Depuis sa Victoire de l'Album Pop-rock de l'année en 2008 pour « L'Invitation », depuis l'hommage rendu par ses héritiers (l'album tribute « Tombé pour Daho » avec Benjamin Biolay, Sébastien Tellier, Elli Medeiros, le regretté Jacno, etc.), Daho n'a pas cessé de tourner pour ses fans de toujours – ceux qui le suivent depuis « La Notte, La Notte », 1984 – et la nouvelle génération qui reconnaît en lui un grand frère. Le prestigieux concert donné par Daho et son groupe – au sommet de sa cohésion – à la Salle Pleyel, point d'orgue de cette tournée, remarquablement filmé en décembre 2008 par Fabien Raymond (également nommé cette année pour « Alain Bashung à l’Olympia »), est enfin paru un an plus tard.

« 23 janvier – 18 juillet 2009 » - Vincent DELERM - Réalisateurs : Sébastien MERLET – Olivier LUBECK
Il faisait chaud ces soirs de juillet au Bataclan mais le spectacle de Vincent, truffé de références cinématographiques, était parfaitement rodé depuis le début de la tournée six mois plus tôt. Idem, les monologues et blagues de l'artiste, auxquels le public réagit au quart de tour, avec une splendide complicité. Ajoutez à cela le talent du directeur artistique, graphiste et réalisateur Sébastien Merlet (complice du label Tôt ou Tard depuis 10 ans) et de son complice Olivier Lubeck et vous obtenez 20 chansons, 90 minutes de bonheur, dont un Antoine Doinel, du papier peint seventies, du Jacques Tati, des photos de Martin Parr, la voix de Souchon et un film muet hilarant sur Le Monologue shakespearien.
 
www.lesvictoires.com
 
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