Nominations des 23èmes victoires de la musique par ordre alphabétique

Comme l'an dernier, je fais en direct les voix off des Victoires de la Musique samedi prochain, 8 mars 2008, pour mon camarade Nagui (qui lui, malgré son genou niqué au ski, sera bien sur scène, contrairement aux rumeurs !)

J'ai aussi écrit les textes du programme, avec présentation de tous les nominés, comme chaque année depuis 5 ans maintenant. Ces textes sont également reproduits dans le programme tiré à 6000 exemplaires, qui sera offert au public du Zénith de Paris ce 8 mars.

23èmes VICTOIRES DE LA MUSIQUE - PROGRAMME [communiqué de presse]

LE GROUPE OU L’ARTISTE INTERPRETE MASCULIN DE L’ANNEE :

ABD AL MALIK
On se souvient du sourire ébloui d'Abd Al Malik l'an dernier, lorsqu'il reçut une Victoire pour l'Album de musiques urbaines de l'année… On se souvient aussi de sa participation, ce soir-là, à l'hommage rendu à son amie Juliette Gréco (il avait chanté Sous le ciel de Paris). Depuis ce fameux « Gibraltar », qui frôle les 200.000 exemplaires, Abd Al Malik n'a pas cessé de tourner avec son quatuor jazz (comprenant le pianiste Laurent De Wilde). Janvier 2008 a été marqué par la sortie du premier album du collectif Beni Snassen, soit Abd Al Malik, Wallen, Bil'In, Mattéo Falkone, Hamcho et les N.A.P. (New African Poets), soit le groupe strasbourgeois au sein duquel l'auteur de 12 septembre 2001 et Les Autres a fait ses débuts.

Étienne DAHO
Aujourd'hui, je n'ai plus peur de moi avouait l'artiste à la sortie de « L’Invitation », superbe neuvième album enregistré entre Paris, Londres, Barcelone et Ibiza, disque d'or dès sa sortie : Je ne suis plus le même, juste débarrassé de tout ce qui n'était pas moi. J'ai l'impression d'être enfin devenu un homme ! La quête de soi, c'est le grand voyage de la vie… Sa voix charnelle n'a pas bougé : sa tendre douceur panse nos blessures et allège nos cafards depuis un quart de siècle ; un album "tribute" est paru en février, avec ses plus belles chansons interprétées par Jacno, Daniel Darc, Doriand, Benjamin Biolay, Frédéric Lo, etc. Daho entamera le 13 mars une longue tournée qui fera étape, du 3 au 8 juin, à l'Olympia.

Yannick NOAH
Qui aurait pu imaginer que le vainqueur 1983 de Roland Garros deviendrait vingt ans plus tard l’un des chanteurs les plus populaires en France ? Première étape : sa joyeuse Saga Africa, tube de l'été 1991. Grâce aux chansons de Goldman, Benzi & C°, l'album « Yannick Noah » atteint les 1,7 million d'exemplaires en 2000 ; « Pokhara », en 2004, dépasse largement le million. Dernier en date, « Charango » s'est installé dès sa sortie en tête des ventes, notamment grâce à l'hymne Aux arbres citoyens ; le DVD live « Un autre voyage », souvenir d'une tournée triomphale qui doit se poursuivre jusqu'au printemps 2008, est paru alors que Yannick était élu personnalité préférée des Français, d'après le sondage annuel du Journal du Dimanche.

Michel POLNAREFF
Son retour après des décennies d'absence fut LE phénomène de l'année 2007. 41 ans après la sortie de son premier 45 tours (La Poupée qui fait non), 34 ans après son exil forcé aux États-Unis, au moment où plus personne n'osait y croire, il est revenu. Le pari était fou : après un si long silence, d'autres auraient opté pour quelques concerts à l'Olympia, question de tâter le terrain… Mais l'attente était colossale et Michel fut à la hauteur de sa légende : ses concerts à Paris-Bercy, dès le 2 mars, étaient sold-out depuis plusieurs mois ; il fallut en rajouter, alors que la tournée faisait le plein. Puis il y eut les 600.000 spectateurs du Champ de Mars le 14 juillet, le double DVD, etc. En attendant un nouvel album studio ?

LE GROUPE OU L’ARTISTE INTERPRETE FEMININE DE L’ANNEE :

KEREN ANN
Pionnière de ce que les journalistes ont baptisé "la nouvelle chanson" apparue à l'orée des années 2000, Keren Ann fut révélée au grand public lorsqu'elle co-signa cinq titres de « Chambre avec vue », l'album du grand retour d’Henri Salvador. Déjà nommée trois fois aux Victoires de la Musique depuis 2001, la cosmopolite Keren Ann (du sang russe, israélien, néerlandais et javanais coule dans ses veines, sa culture est aussi française qu'américaine, elle vit entre deux continents) a multiplié les aventures et publié des disques d'une classe folle, tels « Nolita » (2004) et « Keren Ann » (2007, également nommé dans la catégorie Album pop / rock de l'année), des concentrés de grâce, de sensualité, de mystère et de spleen.

Les RITA MITSOUKO
En mourant à 53 ans, le 28 novembre dernier, emporté par un cancer foudroyant, Fred Chichin laisse une veuve – Catherine Ringer, sa muse, sa moitié, la maman de ses enfants – et plein d'orphelins : nous tous qui avons grandi avec les chansons des Rita Mitsouko dans les oreilles, avec leur folie pour modèle, leur professionnalisme du bricolé-à-la-maison et du zéro concession pour éthique. Certes, la timidité, la pudeur naturelle de Chichin le poussaient dans l'ombre, tandis que l'exubérance vocale et l'imagination débridée de Catherine brillaient de mille soleils. Mais les Ritas étaient deux, indissociables, fiers et révolutionnaires ; la chanson et le rock français des années 80, 90 et 2000 leur doivent énormément. Et plus encore.

Vanessa PARADIS
Depuis son tube international Joe le Taxi – n° 1 du Top 50 durant tout l'été 1987 (eh oui, vingt ans déjà !), son parcours est absolument unique : sur des musiques de Franck Langolff, Étienne Roda-Gil lui écrivit son premier album ; Serge Gainsbourg se chargea du second, en 1990 ; puis ce fut au tour de Lenny Kravitz, pour un album en anglais qui fit sensation en 1992. Six ans s'écoulèrent jusqu'à la sortie de l'intimiste « Bliss », reflet de son bonheur conjugal avec Johnny Depp. Paru à la rentrée, le cinquième album « Divinidylle » a été suivi, partout en France, par une tournée triomphale : à la veille de son 35ème anniversaire, Vanessa a même rempli le P.O.P.B., trois Zéniths n'ayant pas suffi pour combler ses fans parisiens !

ZAZIE
Quinze ans de carrière, six albums studios, le parcours de Zazie, est un sans-faute déjà récompensé par six Victoires de la Musique : Victoire de la Révélation féminine en 1993, Meilleur Clip en 96, Interprète féminine de l'année en 98 et en 2002, Album de l'année en 2002 (pour « La Zizanie »), Spectacle / tournée de l'année en 2006 (pour le Rodéo Tour). Cette année elle est nommée cinq fois : Interprète féminine de l'année, Album de chansons / variétés, Chanson originale et Vidéo-clip de l'année pour Je suis un homme et enfin Spectacle / tournée de l'année pour le Totem Tour. Sans oublier qu'elle est auteure des paroles de Double je pour Christophe Willem et de plusieurs chansons de son album « Inventaire », également nommés…

L’ARTISTE DE MUSIQUES ÉLECTRONIQUES OU DANCE DE L’ANNÉE :

David GUETTA
Déjà nommé en 2003 pour l'album « Just A Little More Love » (avec le tube Love, Don't Let Me Go, l'un des plus diffusés dans les boîtes cette année-là), en 2005 pour « Guettablaster » puis en 2006 avec la compilation « F*** Me I’m Famous vol. 2 », le roi de la nuit a bénéficié en juin 2007, pour la première fois, d'une sortie internationale pour l'album « Pop Life , conçu avec son vieux complice Joachim Garraud. Entre-temps Guetta a eu deux enfants avec sa femme Cathy (Angie est née en septembre dernier) et il a été doublement couronné aux House Music Awards, à Londres. Bref, il est, avec Laurent Garnier, Bob Sinclar et quelques autres, l'un des DJ français les plus connus – et les plus médiatisés - à travers le monde.

JUSTICE
Un nom qui claque. Un visuel christique qui choque. Un gros son qui cogne, avec des stridences industrielles et des basses qui ondulent. Rajoutez un clip pop et sensationnel par Jonas et François (également nommé cette année) pour le titre D.A.N.C.E. et vous obtenez l'une des sensations electro 2007. Gaspard Augé et Xavier de Rosnay, les deux Parisiens de Justice, veulent donner du bonheur à ceux qui les écoutent, partout dans le monde : avant même la sortie de leur disque, leur site MySpace était visité quotidiennement par des dizaines de milliers d'internautes. Pedro Winter, qui les a signés sur son label Ed Banger ne s'est pas trompé : dix ans après son apparition, la French Touch ne s'est jamais aussi bien portée…

Bob SINCLAR
De son vrai nom Christophe Le Friant, il a usé d'autres pseudos (Chris The French Kiss, The Mighty Bop) avant de se décider pour Bob Sinclar, le nom du personnage incarné par Jean-Paul Belmondo dans Le Magnifique. Ses débuts comme DJ remontent à 1988 (vingt ans déjà) et on se souvient qu'il était déjà nommé l'an dernier dans la même catégorie pour l'album « Western Dream » (qui contenait entre autres LE tube de l'été 2005, Love Generation, vendu à plus d'un million deux cent mille exemplaires). Fils spirituel de Cerrone, l'inventeur français du disco – dont il a remixé les classiques en 2001 – Sinclar veut, avec sa musique, fédérer et donner du plaisir ; paru en mai 2007, « Soundz Of Freedom » compile des remixes et des inédits.

WAX TAILOR
Celui qui avait vendu 20.000 exemplaires en France de l'album « Tales Of The Forgotten Melodies » en 2005 nous est revenu au printemps dernier avec « Hope & Sorrow ». En 12 titres et 3 interludes, le producteur originaire de Vernon (Eure) a su confirmer son identité musicale au fil d'un scénario parsemé d'invités cosmopolites (Charlotte Savary, Sharon Jones, Voice, Ursula Rucker…) comme autant d'acteurs au service d'une mise en scène sonore. Souvent étiqueté abstract hip hop ou trip hop, Wax Tailor fait sauter les barrières et multiplie les citations : passionné de musiques de films, il passe avec grâce de la soul au jazz, du funk au scratch, à la recherche d'un langage en cinémascope qui prend sur scène toute sa dimension.

LE GROUPE OU L’ARTISTE RÉVÉLATION DU PUBLIC DE L’ANNÉE :

AaRON
Le 26 mars 2007, deux mois seulement après la sortie de son premier album « Artificial Animals Riding On Neverland », l'audacieux duo français AaRON recevait déjà un disque d'or. Le succès fulgurant de la chanson U-Turn (Lili) a permis d'ouvrir une parenthèse enchantée qui n'est pas près de se refermer, d'autant que Simon Buret (chanteur, auteur, compositeur) et Olivier Coursier (compositeur, arrangeur) ont rapidement transformé l'essai en live, mettant entre autres le public du Printemps de Bourges à ses pieds au terme d'une performance acoustique qui leur valut une standing ovation… À l'automne, une tournée sold-out (dont deux soirs à l'Olympia) a confirmé cet engouement. AaRON est deux fois nommé aux Victoires de la Musique.

Thomas DUTRONC
À 18 ans, alors qu'un Bac décroché haut la main lui ouvrait les portes de grandes écoles, le fils unique de Françoise H. et Jacques D. découvre Django R.. Il commence à gratter la six cordes. Révélation : il progresse à la vitesse de l'éclair. À La Chope des Puces, il est initié par les plus grands guitaristes manouches puis il tourne dans le Gypsy Project de Biréli Lagrène ; on l'applaudit dans des clubs et des festivals de jazz. Bientôt il compose (pour Salvador, Dutronc senior, etc.) et, poussé par –M–, son spectacle (Les Esprits manouches) s'enrichit de textes délirants (Les Frites bordel). Enfin, à 34 ans, Thomas franchit le pas et publie un album de chansons, annoncé par J'aime plus Paris ; il était temps : on l'attendait !

Renan LUCE
Né en 1980, Renan a grandi à Morlaix (Finistère) au côté d'un frère aîné attiré très tôt par le piano classique. Renan, lui, c'est plutôt la guitare sèche, la chanson et ses grands maîtres, dont Brassens. En duo, ils font sensation aux fêtes de la musique et autres soirées scolaires. Puis Renan monte à Paris au début des années 2000; mais au lieu d'envoyer ses maquettes aux maisons de disques, il se fait connaître en chantant partout où on l'accepte, cafés, péniches et petits théâtres. Une maison d'édition puis un label se penchent sur son cas ; Bénabar craque pour l'artisan chanteur et l'emmène en tournée. Déjà primé ailleurs (Académie Charles Cros), l'épatant Renan est nommé trois fois cette année aux Victoires de la Musique.

Christophe MAÉ
Réussir sa reconversion en solo après avoir été la star d'un spectacle musical à succès (dans le cas présent Le Roi Soleil ; il jouait le rôle de Monsieur, frère du Roi) n'est pas donné à tout le monde : Christophe Maé a créé la surprise en passant sans heurt de l'un à l'autre. Sa maturité de jeune trentenaire, qui a tourné des années durant dans le circuit des chanteurs de rue et des piano-bars, y est pour beaucoup ; il a su se projeter dans l'avenir et les centaines de milliers d'exemplaires déjà écoulés de son premier album, attestent de la justesse de ses intuitions. Il est nommé trois fois cette année ; voyez également les sections "Groupe ou artiste révélation scène" et "Album révélation de l'année" pour « Mon paradis ».

LE GROUPE OU L’ARTISTE RÉVÉLATION SCÈNE DE L’ANNÉE :

AaRON
Un conte de fée, l'histoire du duo pop français AaRON, deux fois nommé cette année aux Victoires de la Musique ? Pas si sûr : il est d'abord question d'influences parfaitement assumées : "Entre Radiohead, Craig Armstrong et Archive" ont écrit Les Inrockuptibles. "Pour les amoureux de spleen sublimé" à renchéri Rolling Stone. Le choix de chanter en anglais s'est imposé d'emblée ; le père de Simon Buret est américain. Celui de reprendre Strange Fruit (Billie Holiday) est plus audacieux. Quant au succès foudroyant de U-Turn (Lili), AaRON le doit autant à Philippe Lioret, qui l'avait choisi comme chanson principale de son film Je vais bien, ne t'en fais pas. L'élégance scénique du duo – un piano, une voix – a fait le reste…

Emily LOIZEAU
Née en 1975 d'un père français et d'une maman britannique, l'auteure-compositrice-interprète Emily Loizeau s'est envolée dès la sortie de son premier album, réalisé par Franck Monnet, en février 2006. Depuis, ses chansons piquantes, telles L'Autre Bout du monde, Je ne sais pas choisir, Je suis jalouse et autre Boby chéri ont séduit des dizaines de milliers d'amateurs. Le bouche à oreille a rempli les salles, jusqu'au Grand Rex à Paris en novembre dernier : sur scène, la chanteuse et pianiste est accompagnée par un bassiste-violoncelliste (Olivier Koundouno) et par un batteur-guitariste (Cyril Avèque). Sur l'édition collector de son album, parue récemment, figurent des reprises éclectiques de Brassens, Polnareff, Dylan, etc. !

Renan LUCE
Après les premières parties de Bénabar, son parrain de chanson, dans les Zéniths de France, des triomphes au festival Alors chante de Montauban et aux Francofolies de la Rochelle en 2006, suivis de dizaines de dates en tête d'affiche en France et au Canada, Renan Luce a continué à tracer sa route. On l'a vu à l'affiche des festivals de l'été ; à Paris, il a rempli tour à tour le Trianon, la Cigale et l'Olympia. Étape suivante : en avril prochain, au fil d'une nouvelle salve de dates, il se propose de bourrer à craquer le Grand Rex. À la guitare sèche des débuts – toujours présente – se sont ajoutés les instruments d'un groupe complet (basse, batterie, guitare solo) ; l'esprit, lui, n'a pas changé, entre gentillesse et gouaille.

Christophe MAÉ
C'est face à un public que Christophe Maé a appris son métier. Dans les bars de Carpentras, sa ville natale (où sa famille tient une boulangerie-pâtisserie), dans les villes touristiques du Sud de la France où, des années durant, il a chanté dans les rues. Puis il a fait sensation dans le rôle extraverti de Monsieur dans la comédie musicale Le Roi Soleil de Dove Attia et Kamel Ouali. Deux ans durant, chaque soir, il s'est produit devant des milliers de spectateurs… La sortie de son premier album a été suivie de très près par le démarrage d'une énorme tournée, d'abord dans des salles moyennes, puis dans les Zéniths ; elle se poursuivra jusqu'au printemps, avec un point culminant, le 17 avril, au Palais Omnisports de Paris-Bercy.

L’ALBUM RÉVÉLATION DE L’ANNEE :

« Comme un manouche sans guitare » - Thomas DUTRONC
Contrairement à l'idée reçue, il s'agit du 2ème album du fils de qui vous savez ; le premier était paru vers 2004, à compte d'auteur et strictement instrumental, sous le nom A.J.T. Guitar Trio (A.J.T. pour Antoine Tatich, Jérôme Ciosi et Thomas Dutronc). Les compères s'en étaient servi pour décrocher des concerts dans des clubs jazz et titiller l'attention d'une poignée de journalistes triés sur le volet. On y trouvait bien sûr des compositions de Django Reinhardt et Biréli Lagrène… Parmi les fans de ce premier disque, un certain Matthieu Chedid, ex-condisciple au lycée, qui réussit, à force de persuasion, à pousser Thomas vers la chanson. Il a eu raison : « Comme un manouche sans guitare » est une merveilleuse surprise.

« Repenti » - Renan LUCE
Sur la pochette de son premier album, sa guitare est couverte de goudron et de plumes, le traitement qu'on infligeait, dans le Far West, à ceux qui trichaient au poker. Pourtant Renan n'a rien d'un pied tendre peu scrupuleux ; au contraire, c'est l'honnêteté de ses chansons éminemment radiophoniques, dont le ton oscille entre tendresse et dérision (telles Les Voisines, La Lettre, Repenti, etc.), joliment mises en valeur par Jean-Louis Piérot (les Valentins, Miossec, Étienne Daho, Alain Bashung, etc.), qui a séduit plus de 200.000 acheteurs (et ce n'est pas fini !). Notons que « Repenti », initialement paru à la rentrée 2006, a été réédité au printemps dernier enrichi de divers bonus, dont un DVD documentaire et des titres live.

« Mon paradis » - Christophe MAÉ
Certes, sa signature vocale avait marqué les spectateurs du Roi Soleil. Mais on ne s'attendait pas à ce que Maé, adulé par le jeune public féminin (les Maettes), opère un virage artistique aussi radical : de couleur soul-folk, épicées de rythmes world et de langueurs blues, les chansons de « Mon paradis », réalisées par Volodia, trahissent les influences de son auteur, de Stevie Wonder à Jack Johnson en passant par Ben Harper, Bob Marley ou Tracy Chapman. Avec un coup de main de Lionel Florence pour les paroles de quelques titres, ce premier album, porté par des tubes comme On s'attache, Parce qu'on sait jamais et Ça fait mal, a franchi le cap du disque de diamant (750.000 exemplaires) moins de six mois après sa sortie.

« Inventaire » - Christophe WILLEM
"J'ai veillé à mélanger variété et musique indépendante, à marier les styles que certains jugent à tort inconciliables" expliquait Christophe Willem à la sortie de son premier album en mai 2007. Là où d'autres se seraient rués en studio pour exploiter la renommée instantanée acquise grâce à La Nouvelle Star 2006, celui que Marianne James avait rebaptisé "La Tortue" a pris son temps et soigné son casting : sur « Inventaire », on croise des valeurs sûres (Zazie), une invitée surprise (Valérie Lemercier), un OVNI avéré (Katerine) et un collaborateur pointu (Bertrand Burgalat). Bon calcul : soutenu par les tubes Élu produit de l'année, Double je et Jacques a dit, l'album a allègrement franchi la barre des 500.000 exemplaires.

L’ALBUM DE CHANSONS/VARIÉTÉS DE L’ANNEE :

« Amor doloroso » - Jacques HIGELIN
La presse est unanime : avec cet album paru en novembre 2006 Jacques Higelin a réussi le come-back que tout le monde attendait. Onze chansons mêlant poésie à la Charles Trenet, allitérations à la Gainsbourg et cette douce folie qui lui est propre, joliment mise en valeur par le réalisateur Rodolphe Burger (Kat Onoma, Alain Bashung, Françoise Hardy, etc.). Le poète magnifique a ensuite passé 2007 sur les routes ; un DVD (le premier de sa longue carrière) et un album live ont été tirés de l'aventure (« En plein Bataclan », sorti en novembre dernier). Sur scène, on le sait, Jacquot s'envole : mélangeant nouveaux titres et classiques (Tombé du ciel, Cigarette, Champagne, etc.) il a comblé des centaines de milliers de fans.

« Variéty » - Les RITA MITSOUKO
Quelques jours avant la mort de Fred Chichin, en novembre dernier, on découvrait le clip de Même si, réalisé par Philippe Gautier, qui était déjà présent aux débuts de l'aventure (les clips radicaux de Marcia Baïla et Andy, au milieu des années 80, c'était lui). Les paroles, poignantes, prenaient brutalement une autre signification : Même si, même si tout s'effondrait / Je serais près de toi… Produit par Mark Plati (David Bowie, The Cure, etc.), ce septième album studio, profondément mélancolique, est sorti en français (sous le titre « Variéty ») et en anglais (« Variety » : notez la différence !) ; Serj Tankian, du groupe américain System Of A Down, est invité sur le titre Terminal Beauty. De fait, la belle histoire s'arrête ici !

« Divinidylle » - Vanessa PARADIS
Pour son cinquième album, le fièrement pop « Divinidylle », Vanessa a d'abord fait appel à -M- ; déjà présent sur « Bliss », en 2000, il porte ici la quintuple casquette de réalisateur, compositeur, auteur, guitariste et choriste de luxe. Épaulée par un groupe impeccable – au fil des titres l'on croise Patrice Renson, Albin de la Simone, Vincent Segal, Jérôme Goldet ou Cyril Atef – la jeune femme s'est aussi entourée d'auteurs de talent, tels Marcel Kanche (pour le tube Divine idylle), Franck Monnet, Brigitte Fontaine, Thomas Fersen, Didier Golemanas ou Jean Fauque. Agréable surprise, Vanessa signe elle-même trois musiques ainsi que les paroles de l'ultime chanson de l'album, Jackadi, conçue "comme un conte avant de dormir"…

« Totem » - ZAZIE
On ne change pas une équipe qui gagne, comme le veut l'adage : sous une pochette surprenante, à nouveau signée Laurent Seroussi, Zazie a dressé en février 2007 ce « Totem » sculpté par ses complices Jean-Pierre Pilot et Philippe Paradis aux mélodies et arrangements (ainsi qu'aux guitares et aux claviers), soit treize titres sertis dans les rythmiques pneumatiques de David Salkin (batterie) et Nicolas Fiszman (basse). "J'ai voulu un album plus cash, plus à poil, plus périlleux aussi" explique Zazie ; les chansons parlent de la difficulté d'aimer et de la bêtise des hommes… Trois en ont déjà été extraites : Des rails, J'étais là et Je suis un homme (également nommé dans les catégories Chanson originale et Vidéo-clip de l'année).


L’ALBUM POP/ROCK DE L’ANNEE :

« La Radiolina » - Manu CHAO
Dans le contexte d'un marché morose, la sortie du nouveau Chao à la rentrée 2007 a fait l'effet d'un coup de soleil : le "rock équitable" de l'ex-leader de La Mano Negra s'est retrouvé en tête de nombreux classements tant en Europe qu'aux États-Unis (dans les charts latino), en Asie qu'en Amérique du Sud (où Manu est une superstar). Né à Sèvres, barcelonais d'adoption, le quadra clandestino est resté fidèle à l'éthique punk et citoyenne qui l'animait à ses débuts : soutenu par son groupe Radio Bemba, il a déchaîné le public et les médias américains, où on le traite avec les égards réservés autrefois à Joe Strummer (The Clash) ou Bob Marley. Ce qui amuse beaucoup Manu, émerveillé comme un gamin, fier de son impact mais jamais dupe…

« L’Invitation » - Étienne DAHO
Neuf albums studio en vingt-cinq ans (eh oui, « Mythomane », c'était en 1982 !), Daho a renoué avec la veine du magique « Eden » (1996), son chef d'œuvre à la modernité exemplaire comme l'écrit le réalisateur Gaël Morel. Bien sûr, on a beaucoup parlé de la chanson Boulevard des Capucines, en forme d'adieu bouleversant à un père qu'il a si peu connu et qu'il n'avait pas voulu revoir, le soir où ce dernier s'était présenté à l'entrée des loges de l'Olympia. Elle ne doit pas faire de l'ombre aux dix autres titres de cet opus splendide, l'un de ces disques rares, dont on tombe amoureux, réalisé avec la complicité d'Édith Fambuena, autant de reflets d'une âme tourmentée, déchirée entre doux romantisme et pur hédonisme (Télérama).

« La Mécanique du coeur » - DIONYSOS
La sortie du 6ème album studio du groupe de Mathias Malzieu a coïncidé avec la parution de son nouveau roman La Mécanique du cœur aux éditions Flammarion, dont il est en quelque sorte la bande originale. On y découvre Little Jack, qui ne doit jamais tomber amoureux : la passion peut gripper son cœur et le bloquer ! Sur l'album, œuvre hybride, le plus ambitieux d'un groupe qui n'a jamais cessé de surprendre, on croise des acteurs majeurs de la chanson rock et du cinéma, venus jouer les différents personnages de ce conte pour adultes : Arthur H., Emily Loizeau, Grand Corps Malade, Alain Bashung, Jean Rochefort, Éric Cantona, Olivia Ruiz, etc. Dès les premiers jours de mars, Dionysos entamera une énorme tournée des Zéniths.

« Keren Ann » - KEREN ANN
Cinq albums en sept ans (six, en comptant « Lady & Bird », son ravissant projet avec l'Islandais Bardi Johannsson) et pourtant, Keren Ann n'a pas encore rencontré le succès qu'elle mérite ; certes, son statut de chanteuse culte lui va bien au teint, entre peau diaphane et regard charbonneux, mais des chansons comme Lay Your Head Down mériteraient de devenir de vrais tubes. Chanté exclusivement en anglais, contrairement au précédent, « Nolita » (2004), qui contenait de véritables perles, interprétées en français (Que n’ai-je ?), « Keren Ann » est un album sous influence Velvet Underground ; soutenu par une tournée et pas moins de cinq concerts à Paris (du Point Éphémère à l'Olympia), il a passé le cap des 40.000 exemplaires.


L’ALBUM DE MUSIQUES URBAINES DE L’ANNEE :

« T’as vu » - FATAL BAZOOKA
Depuis 2002, Michaël Youn est abonné aux tubes : avec les Bratisla Boys (Stach Stach), fils caché de Mister Dynamite sous le nom d'Alphonse Brown (et son fameux mix de rap et de funk, Le Frunkp) ou leader des Conards (interprètes de Comme des connards, chanson du film Les Onze Commandements). Mais ce champion de la parodie a trouvé un filon giga bling-bling avec Fatal Bazooka, qui a enchaîné la bagatelle de CINQ tubes en quinze mois : Fous ta cagoule (rap savoyard), Mauvaise foi nocturne (parodie de Confessions nocturnes de Diam's et Vitaa), J'aime trop ton boule (critique oblique du ragga homophobe de Sean Paul), Trankillement (danse de l'été) et bien sûr Parle à ma main (avec un featuring féministe de Yelle). Qui dit mieux ?

« Place 54 » - HOCUS POCUS
Les 20.000 exemplaires écoulés de « 73 Touches » et deux années passées sans interruptions sur les routes, ont valu à 20Syl (Sylvain en verlan) et son collectif d'être signés sur Motown France. Basé à Nantes, Hocus Pocus propose un voyage raffiné et poétique entre jazz, soul, slam, world et hip-hop. DJ respecté, mais aussi architecte sonore et chef d'orchestre (il s'agit ici de rap avec instruments !), 20Syl propose une écriture cinématographique qui fait merveille, notamment sur le morceau qui donne son titre à l'album (l'auditeur est littéralement assis Place 54, dans le TGV), tandis que l'irrésistible groove de Smile (avec le chanteur britannique Omar) ressuscite l'acid-jazz jouissif de la fin des années 1980.

« Saison 5 » - IAM
Ça vient de la rue… Et de la planète Mars comme Marseille, bien sûr : avec « Saison 5 », un album présenté comme extrêmement viscéral, les six d'IAM ont envoyé Une autre brique dans la mare du rap francophone. Le groupe phare de la première génération se trouve pourtant dans l'étrange situation de devoir assumer ses révoltes, ses coups de gueule, son rôle de porte-parole, alors que ses membres sont pères de famille et approchent ou ont dépassé le cap de la quarantaine. Mais qui a dit que les ans émoussaient la rage ? En 17 titres attendus par les fans pendant plus de trois ans, le tandem Akhenaton / Shurik'n et leurs complices se sont montrés à la hauteur de leur légende, avec des textes et des flows plus acérés que jamais.

« Chapitre 7 » - MC SOLAAR
Mis sur orbite par le single punk Da Vinci Claude, le 7ème album de Claude M'Barali, alias MC Solaar, a mis fin à un silence de trois ans, consacrés à son épouse et sa progéniture… Dix-sept ans après Bouge de là, le pionnier du rap français – déjà récompensé par les Victoires de la Musique (notamment celle de l'artiste interprète masculin de l'année en 1995) – n'a plus grand-chose à voir avec un genre dont il s'est depuis longtemps éloigné, préférant approfondir une œuvre dont la portée prosodique et philosophique est sans égale au sein des artistes de sa génération. Musicalement protéiforme, volontiers romantique, cultivant sa nostalgie, affinant son sens critique, alternant avec grâce, légèreté et gravité, Solaar règne.

L’ALBUM DE MUSIQUES DU MONDE DE L’ANNEE :

« La France des couleurs » - IDIR
Idir, idole de la chanson kabyle, a frappé très fort avec cette « France des couleurs » : pour son troisième disque studio (seulement !) en trente ans de carrière, il donne au terme "identité nationale" sa vraie signification. On se rassemble, on se ressemble : dans les chœurs de chanson qui donne son titre à l'album, on croise Jean-Jacques Goldman, Grand Corps Malade, Thierry Henry, Magic System, Pascal Obispo, Yannick Noah, Zinedine Zidane et plein d'autres black-blanc-beurs qui vibrent à la même cadence… Sur l'album, d'autres invités, entre rap, slam et reggae, enrichissent les mélodies du vétéran algérien, tels Tiken Jah Fakoly, Nadiya, Sinik, Wallen, Manu (de Tryo), Rim K, Disiz La Peste, Oxmo Puccino, Akhenaton, etc.

« L’Africain » - Tiken Jah FAKOLY
Depuis plus de cinq ans, l'"éveilleur de consciences" et star du reggae ivoirien Tiken Jah Fakoly – déjà immense en Afrique de l'Ouest – vole en France de succès en succès. Tout a commencé avec « Françafrique », l'album de la révélation, récompensé par une Victoire de la Musique en 2002. En septembre 2004, « Coup de gueule » avait été suivi par une tournée triomphale et un Zénith de Paris archi-plein. Trois ans plus tard, Tiken Jah Fakoly – souvent comparé à Bob Marley – nous est revenu avec « L’Africain », enregistré dans le studio qu'il a ouvert à Bamako (Mali), avec des invités comme Magyd Cherfi (Zebda), Soprano (Psy4 de la Rime), le rappeur américain Akon, le chanteur Beta Simon et le virtuose de la kora Toumani Diabaté.

« Yael Naim » - Yael NAIM
France terre d'accueil : après la Canadienne Feist et l'Allemande d'expression anglaise Ayo, voici que l'Israélienne Yael Naim fait sensation avec un album produit par le percussionniste d'origine antillaise David Donatien. On avait découvert la voix d'ange de Yael dans Les Dix Commandements d'Élie Chouraqui et Pascal Obispo ; un premier album était sorti en 2001, qui n'avait pas convaincu. Après avoir considéré un retour au pays, près de Tel-Aviv, elle a préféré bricoler à la maison ce deuxième opus pop-folk qui lui a valu depuis sa parution, en novembre dernier, les louanges des médias. Chanté en hébreu et en anglais, il contient entre autres le tube radio New Soul et une reprise délicate du fameux Toxic de Britney Spears !

« Rokku Mi Rokka » - Youssou N’DOUR
Avec « Rokku Mi Rokka » (donner et recevoir), le maître du mbalax, poursuit un voyage entamé avec « Nothing's In Vain » (2002) et « Egypt » (2004, récompensé aux États-Unis par un Grammy Award). Soit une exploration des rythmes traditionnels sénégalais mêlée de quête spirituelle et de conscience politique ; ce n'est pas pour rien que Youssou N'Dour figurait à nouveau, en 2007, dans le palmarès des 100 personnalités les plus influentes de la planète d'après le magazine américain Time. Mais sa passion pour la musique est intacte, comme l'atteste « Rokku Mi Rokka », porté notamment par un nouveau duo avec Neneh Cherry : treize ans après le mondialement fameux 7 Seconds, leurs voix font merveille sur Wake Up (It's Africa Calling).

« D'ici et d'ailleurs » - SOHA
Une combinaison captivante d'influences françaises, latines, cubaines, africaines et caribéennes, affirme le site de R.F.I., qui s'y connaît en musiques du monde… Les parents de cette ravissante jeune femme sont sahraoui, issus de la tribu des Ouled Saltane ; cadette d'une famille de huit frères et sœurs, Soha a grandi à Marseille, abreuvée de toutes sortes de musique, d'Aznavour au funk, du reggae de Dennis Brown aux rythmes de Celia Cruz. Épaulée par le producteur-compositeur Antoine Essertier et le parolier François Welgryn (Michal, Le Roi Soleil, Nolwenn, Christophe Maé, etc.), elle chante en français, anglais et espagnol avec une fluidité étonnante ; paru en octobre dernier, « D'ici et d'ailleurs » est un petit bijou.


LA MUSIQUE ORIGINALE DE CINEMA DE L’ANNEE:

« Hors de prix » - BAZBAZ
Nonchalant, batifolant, atypique, groovy, culotté : les journalistes n'ont que des qualificatifs sympathiques lorsqu'il s'agit de parler de l'ex-organiste des groupes punk Les Satellites et Le Cri de la Mouche, déjà nommé aux Victoires 2006 dans la catégorie Groupe ou Artsite révélation scène, peu après la sortie de son troisième album « Sur le bout de la langue ». Avec sa voix de crooner version nounours, Camille Bazbaz s'est offert une jolie récréation en signant la b.o. de Hors de prix, de Pierre Salvadori, avec Gad Elmaleh et Audrey Tautou ; il a publié depuis « Le Bonheur fantôme », enregistré en partie à Kingston, écrit plein de chansons pour Sandrine Kiberlain et collaboré avec le chanteur jamaïcain Winston McAnuff.

« La Question humaine » - Syd MATTERS
Lauréat du premier concours annuel CQFD des Inrockuptibles (en 2003), Syd Matters s'est vu offrir une récréation de choix entre deux albums (le 3ème, « Ghost Days », vient de paraître). Pour la b.o. de « La Question humaine » de Nicolas Klotz, présenté lors de la Quinzaine des Réalisateurs au festival de Cannes 2007, le groupe de Jonathan Morali a signé onze titres inédits : "Un film très dense, explique le compositeur, dont la forme est si particulière qu'il semblait indispensable de ne pas aborder la bande originale de manière classique. L'idée était de créer une sorte de musique intérieure, étroitement liée aux personnages et aux ambiances. Quelque chose qui s'insinue dans les dialogues et les couleurs du film."

« U » - SANSEVERINO
Stéphane Sanseverino, déjà détenteur d'une Victoire du Groupe ou Artiste révélation scène en 2003 (il était également nommé en 2007 dans la catégorie Artiste masculin de l'année), a séduit les foules avec son swing manouche déjanté, son humour et son irrésistible personnalité. Amateur d'expériences nouvelles, il ne s'est pas contenté de signer fin 2006 la bande origine de « U », film d'animation de Serge Elissalde et Grégoire Solotareff, il a aussi interprété le personnage de Kulka, un saltimbanque insouciant qui tombe amoureux de la princesse Mona, jouée par Isild Le Besco ; sa partition et ses chansons ont insufflé un vent de liberté tout à fait en accord avec les images, comme l'a souligné le site cinezik.org.

« Arthur et les Minimoys » - Eric SERRA
Fin 2006, personne n'échappa au phénomène Arthur et les Minimoys, blockbuster au budget colossal et au casting inédit (avec les voix de Mylène Farmer, Alain Bashung, Marc Lavoine, etc.), sorti simultanément dans 900 salles, Besson a fait appel, après sept ans d'interruption, à son vieux complice Éric Serra, déjà auteur (entre autres) des b.o. de Subway (Victoire de la meilleure musique de film en 1985), Le Grand bleu (re-Victoire en 1988, en plus d'un César et d'un disque de diamant), Léon (Victoire encore, en 1995), Le 5ème élément, etc. En plus des pièces symphoniques (interprétées par le London Session Orchestra et les Metro Voices), la b.o. d'Arthur et les Minimoys contient trois chansons, dont Go Girl par Snoop Dogg.


LA CHANSON ORIGINALE DE L’ANNEE :

« Ma France à moi » - DIAM’S
Auteur : DIAM’S - Compositeurs : DIAM’S - TYRAN - Gregory BERTHOU
On se souviendra longtemps de son cri d'écorchée vive, lorsque Diam's avait reçu sa première Victoire, en 2004, dans la catégorie "Album rap / hip-hop de l'année" pour « Brut de femme » : Je ne vais pas mieux mais grâce à vous, je vis ! En revanche, si elle était nommée quatre fois (y compris, déjà, dans la catégorie Chanson originale de l'année pour La Boulette), Diam's était repartie bredouille des Victoires de la Musique l'an dernier. Certes, les ventes colossales de « Dans ma bulle », le succès de sa tournée et son récent MTV European Music Award l'ont largement consolée… En 2007, Ma France à moi a pris des allures de manifeste au fil des mois qui ont précédé l'élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République.

« Garçon » - KOXIE
Auteurs : Stéphane BONVENT - KOXIE - Compositeurs : Aurélien MAZIN - KOXIE
Tu sais que garçon, si t'enlèves la cédille ça fait garcon, gare aux cons ma fille… La chanson avait déjà été écoutée en ligne plus de deux millions de fois avant qu'une maison de disque se penche sur le cas Koxie, la rappeuse chic, trentenaire mutine dont le parcours est passé par le théâtre et la danse hip hop. Tube de l'été 2007, mais aussi phénomène de société : innombrables sont celles qui se sont reconnues dans cette histoire de drague foireuse qui voit un jeune crétin macho se faire écrabouiller par l'humour de celle dont il espérait maladroitement obtenir des faveurs… Depuis ce succès initial, question de prouver qu'elle n'est pas la fille d'un seul tube, Koxie a publié un premier album rafraîchissant et gracieux.

« Double je » - Christophe WILLEM
Auteur : ZAZIE - Compositeurs : Jean-Pierre PILOT - Olivier SCHULTHEIS - ZAZIE
Arrangeurs : Jean-Pierre PILOT - Olivier SCHULTHEIS - Benoît COURTI
Comment être pointu et grand public à la fois ? Comment concilier exigence artistique, citations sophistiquées et disques de platine ? Rares sont les artistes français qui réussissent ce mariage spé-popu : avant Willem, celui qu'on surnomme La Tortue, on a eu Michel Polnareff, Étienne Daho et quelques autres, dont Zazie. Cette dernière fut rapidement pressentie pour épauler celui qui fut révélé par La Nouvelle Star 2006 : avec le chef d'orchestre de l'émission Olivier Schultheis et le claviériste Jean-Pierre Pilot elle lui a taillé sur mesure ce Double je qui a imposé sur les ondes la voix androgyne de celui qui dès le premier vers, sur tempo disco, balance avec un sourire grand comme ça Quand je serai grand je serai Bee Gees…

« Je suis un homme » - ZAZIE
Auteur : ZAZIE - Compositeurs : ZAZIE - Jean-Pierre PILOT - Philippe PARADIS
Tandis que son ami Vincent Baguian, co-auteur du spectacle Sol En Cirque, publiait un album intitulé « Ce soir c'est moi qui fais la fille », Zazie poursuivait son exploration de la dualité des sexes et des ambiguïtés qui nous habitent, l'un de ses thèmes fétiches depuis « Je, tu, ils » en 1992 : à Calogero – elle a écrit tous les textes de l'album « Pomme C » – elle livrait Me dit-elle ; à Christophe Willem elle offrait Double je. Mais celle qui souvent se présente comme "un garçon manqué" a gardé pour elle Je suis un homme, l'histoire d'un Cromagnon qui tourne en rond, prend la mesure de Toute l'horreur de (s)a nature et affirme Je suis le roi / De l'illusion / Au fond qu'on me pardonne / Je suis le roi / Le roi des cons…

LE SPECTACLE MUSICAL/LA TOURNEE/LE CONCERT DE L’ANNEE :

« Alive 07 » - DAFT PUNK à Bercy et aux Arènes de Nîmes
Production : CORIDA
Il fallait les voir, les fans de Daft Punk, sortant de Bercy le 14 juin dernier : hilares, le regard brillant, dégoulinants de sueur et de bonheur d'avoir dansé deux heures durant sur les tueries robotiques de Thomas Bangalter, Guy Manuel de Homem Christo et leurs complices ! Un grand moment de rock'n'roll qui s'est reproduit trente fois, du Loch Ness à Sydney, de Tokyo à Guadalajara, de Berlin au festival Lollapalooza à Chicago ; de cette tournée historique, un album live a été tiré (« Alive 07 »), qui conclut une année qui a aussi vu leur fameux Harder, Better, Faster, Stronger décalqué par le géant du rap U.S. Kanye West et clipé par Olivier Gondry à partir des images tournées par 250 spectateurs de leur show à Brooklyn !

« Les Piqûres d’araignées » - Vincent DELERM à La Cigale, à l’Olympia et en Tournée
Production : ASTERIOS SPECTACLES
Doué autant pour émouvoir les âmes sensibles que pour indisposer les crétins, comme l'écrivaient récemment Les Inrockuptibles, Delerm avait présenté au public de la Cigale, à Paris, les chansons de son troisième album « Les Piqûres d’araignées » (nommé l'an dernier aux Victoires ; en 2003, il avait été primé dans la catégorie Album révélation). Armé de son humour (sur scène, ses blagues font mouche, surtout les plus nazes, dont il se délecte), il a également pris le risque d'inviter chaque soir un artiste ami, pour un duo inattendu. De Katerine à Souchon en passant par Bénabar, Moustaki et Biolay, on les retrouve sur l'album « Favourite Songs » publié en même temps, fin 2007, que le coffret deux CD / deux DVD « À la Cigale ».

« Ze Tour 2007 » - Michel POLNAREFF à Bercy, au Champ de Mars et en Tournée
Production : GILBERT COULLIER PRODUCTIONS
Dans un récent numéro de Rock & Folk, Polnareff racontait à son confesseur Philippe Manœuvre comment, lors de la préparation de sa prodigieuse tournée, à Limoges, au cœur de l'hiver 2007, il avait fait flipper son équipe (et, on le présume, son producteur) en retardant le moment où il allait chanter. Ses musiciens américains répétaient sous sa direction, mais sans la voix du principal intéressé, dont les mesquins se demandaient si elle serait au rendez-vous. Un an plus tard, on a la réponse : un million de spectateurs dont douze Bercy remplis à ras bord, une tournée partout, un concert événement le 14 juillet au Champ de Mars : personne n'a échappé au retour d'une star de la pop française qui nous manquait cruellement !

« Totem Tour » - ZAZIE au Zénith et en Tournée
Production : THIERRY SUC/TS3
Infatigable Zazie : après l'écriture du dernier spectacle de Sol En Cirque, mis en musique par Vincent Baguian et Jean-Marie Léau, son Totem Tour – sans doute le plus rock, le plus "frontal" (Zazie dixit) de tous ses spectacles – démarrait le 1er juin 2007 à Nantes et se posait au Zénith de Paris à la mi-juin, avant d'attaquer les festivals de l'été. La tournée des grandes salles a repris fin septembre pour s'achever en ce début d'année par une salve de dates dans des théâtres plus intimistes (1500 spectateurs en moyenne), y compris deux soirs à Paris, à La Cigale. Entre-temps, on a également revu Zazie avec les Enfoirés et elle s'est offert une escapade londonienne le temps d'un concert unique au Shepherds Bush Empire.


LE VIDEO-CLIP DE L’ANNEE :

« Mauvaise foi nocturne » - FATAL BAZOOKA - Réalisateur : Nicolas BENAMOU
Confessions nocturnes, interprétée en duo avec Vitaa, était l'une des chansons les plus émouvantes et réussies de « Dans ma bulle », le dernier album de Diam's. Sous le rouleau compresseur parodique de Fatal Bazooka (Michaël Youn et ses complices Vincent Desagnat et Benjamin Morgaine) c'est devenu Mauvaise foi nocturne, duo entre Fatal et Vitoo, alias Pascal Obispo, qui se révèle très bon acteur pour l'occasion. Comme chacun des clips des tubes de l'album « T'as vu », celui-ci a créé l'événement, sur les chaînes télé et plus encore sur le Web, où il a été visionné des millions de fois. Comme celui de Fous ta cagoule, il a été réalisé par Nicolas Bénamou, qui avait déjà signé pour Youn le DVD de son spectacle Pluskapoil.

« 1234 » - FEIST - Réalisateur : Patrick DAUGHTERS
La chanteuse canadienne Feist, basée produite en France (par les fidèles Gonzales et Renaud Letang) nous avait enchantés en 2004 avec l'album "Let It Die" et les tubes Mushaboom et One Evening. Elle nous a proposé "The Reminder" au printemps 2007, après trois ans de concerts à travers le monde. Nommée trois fois aux Grammy Awards (décernés le 10 février à Los Angeles), Feist l'est aussi aux Victoires avec ce clip réalisé par Patrick Daughters, 31 ans, qui a signé des vidéos pour les Yeah Yeah Yeahs, The Kings Of Leon, The Shins, etc. C'est son troisième clip pour Feist (après Mushaboom et My Moon My Man) : un splendide plan séquence avec une cinquantaine de danseurs, que l'on voit aussi dans le dernier spot pour le iPod Nano.

« D.A.N.C.E » - JUSTICE - Réalisateurs : JONAS – FRANÇOIS
Ils ont à peine 50 ans à eux deux : anciens élèves de l'école des beaux-arts de Poitiers puis des Arts-Déco à Paris, Jonas et François – en association avec le graphiste So_Me – ont fait sensation aux récents MTV Europe Video Awards grâce au clip remarquablement original qu'ils ont réalisé pour le duo français Justice. Qui n'a pas rêvé de T-shirts communicants et qui changent à volonté, dans une débauche de motifs psychédélico-ludico-technoïdes ? Depuis, d'autres clients de renom leur ont confié leurs vidéos (dont Kanye West pour Good Life) mais qu'on se rassure : même lorsqu'on leur donne des moyens confortables, Jonas et François restent fidèles à leur credo, entre bricolage de génie et imaginaire en liberté.

« Double je » - Christophe WILLEM - Réalisateur : Sylvain FUSÉE
Également nommé dans la catégorie Chanson originale de l'année, Double je a été clippé façon psychothérapie de groupe par le producteur artistique et pilier historique (depuis plus de 15 ans) de la famille Groland à Canal+. Sylvain Fusée, également réalisateur de clips (Mick Est Tout Seul), de pubs, de sketches pour les Guignols, etc., s'est souvenu d'un atelier auquel il participait quand il était étudiant à Paris VIII : une sinistre bouffonnerie où, sous prétexte de "rencontrer l'autre", le prof nous faisait mettre en tas et nous tripoter au milieu de la pièce… Willem a adoré l'idée et s'est révélé très bon comédien, entourés d'acteurs choisis pour leur côté bord-cadre, bizarroïde, lunaire, d'après le réalisateur.

« Je suis un homme » - ZAZIE - Réalisateur : Yvan ATTAL
Après les caméras de surveillance et l'hypermarché désert du clip de Des rails, réalisé par Gilles Porte, Zazie a confié celui de Je suis un homme à l'acteur et metteur en scène Yvan Attal dont la seule expérience dans ce type de format court se limitait jusqu'alors au clip de 5:55 pour sa compagne Charlotte Gainsbourg. Le tournage a eu lieu au Mac/Val, le musée d'art contemporain de Vitry-sur-Seine : Attal a imaginé qu'on y vernissait une exposition sur l'humanité ; autour d'une femme nue enceinte, de guerriers africains servant des zakouskis et d'une Zazie inquiète, tournent sur les murs des chiffres qui effraient : explosion démographique, hectares de forêt dévastées, morts par malnutrition, émissions de CO2, etc.


LE DVD MUSICAL DE L’ANNEE

« Le Grand Rex 2007 » - Michel DELPECH - Réalisateur : Serge KHALFON
Le come-back du grand Michel Delpech est l'un des plus réjouissants des années 2000 : dans la foulée du succès de l’album de duos "Michel Delpech &…" (plus de 220 000 exemplaires), ce DVD sorti en novembre dernier et mis en images par Serge Khalfon – l'un des réalisateurs de télévision les plus demandés du moment – nous permet de revivre les deux soirées exceptionnelles et chargées d'émotion des 30 et 31 mars 2007 à Paris, au Grand Rex. Autour de l'auteur de Chez Laurette, dont la voix d'ange est intacte, les invités prestigieux se bousculent : Alain Souchon, Benabar, Julien Clerc, Barbara Carlotti, Vincent Delerm, Hubert Mounier, Dani, Christophe, Alain Chamfort, Pierre Vassiliu, la Grande Sophie, Roberto Alagna, etc.

« Au Tour de ma bulle » - DIAM’S - Réalisateurs : Thierry GAUTIER - Sylvain LEDUC
Deux fois nommés en 2007 pour les DVD qu'ils avaient réalisé pour –M–
(« En tête à tête ») et Zazie (« Rodéo tour le live »), le tandem Gautier / Leduc l'est à nouveau pour cette captation des concerts au Zénith de Paris en novembre 2006, soit plus de deux heures de rap, de sourires et d'émotion, avec un public déchaîné, celui qui a fait un triomphe à l'album « Dans ma bulle » et aux tubes La Boulette ou Ma France à moi (également nommé dans la catégorie Chanson de l'année). En dix ans de carrière, la petite banlieusarde met ses fans sur orbite : Sans le rap, j'aurais sûrement fini buvant la tasse, lance Diam's en saluant ; avec ce show, elle démontre à ceux qui en douteraient encore qu'elle est une formidable bête de scène.

« Monsters In Live » - DIONYSOS - Réalisateur : Fabien RAYMOND
Paru en janvier 2007, le DVD "Monsters In Live", réalisé par Fabien Raymond – qui a également signé de belles captations avec Bénabar, Rachid Taha, Noir Désir et d'autres – permet de revivre l'intégralité du concert symphonique et pharaonique que Dionysos donna avec les 60 musiciens classiques du Synfonietta dirigé par Jean-Jacques Griesser, après en avoir offert la primeur aux Eurockéennes de Belfort. Fabien Raymond : Le mélange des deux – le groupe rock d'un côté, la formation symphonique de l'autre – a étonnamment bien fonctionné. Il fallait restituer cette aventure le plus fidèlement possible, sans artifice, y compris le slam épique de Mathias Malzieu, qui a traversé toute la salle porté à bout de bras par ses fans !

« Le Soldat Rose » - Réalisateur : Jean-Louis CAP
Conte musical pour enfants et ceux qui le sont restés, « Le Soldat rose" fut l'un des grands succès de la saison dernière ; au-delà de sa Victoire de la Musique dans la catégorie Album de chansons / variété de l'année. Premier du genre écrit et composé par Louis Chedid et Pierre-Dominique Burgaud, le disque réunissait Alain Souchon, Vanessa Paradis, –M–, Shirley & Dino, Francis Cabrel, Catherine Jacob, Bénabar, Jeanne Cherhal, Sanseverino, Albin de la Simone, etc. Il donna lieu à un spectacle exceptionnel, filmé au Grand Rex à Paris par Jean-Louis Cap et diffusé durant les fêtes de fin d'année 2006 sur France2. Mais l'aventure n'est pas terminée : la comédie musicale Le Soldat rose vient d'être créée au Casino de Paris !

www.lesvictoires.com

 
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