Nominations des 22èmes victoires de la musique par ordre alphabétique

Alors ça, c'est le communiqué officiel : Samedi 10 mars 2007, France 2 retransmettra la cérémonie des XXIIe Victoires de la musique, animée cette année encore par le duo Michel Drucker et Nagui. Pour l’occasion, l’émission s’offre un grand lifting : nouveau décor, nouvel habillage et une voix off (Gilles Verlant) pour accompagner les animateurs. A noter également qu’afin d’alléger la cérémonie, le temps de parole des intervenants sera limité à une minute. Parmi les plus représentés dans les catégories, on peut retrouver Diam’s, Grand Corps Malade et Philippe Katerine. Enfin, Miss Dominique (Nouvelle Star 4)va défendre sa place dans la catégorie "Révélation du public" et Kamini dans celle de "Clip de l'année". Comme chaque année depuis 2003 l'association des Victoires de la Musique et France2 m'ont demandé d'écrire le dossier de presse présentant tous les nommés aux Victoires ; ces textes sont également reproduits dans le programme tiré à 6000 exemplaires, qui sera offert au public V.I.P. du Zénith de Paris le 10 mars. Comme vous êtes V.I.P. aussi, vous y avez droit en intégralité.

Le palmarès :
Groupe ou artiste interprète masculin de l'année : Bénabar.
Groupe ou artiste interprète féminine de l'année : Olivia Ruiz.
Artiste/groupe révélation du public de l'année : Miss Dominique.
Groupe/artiste révélation scène de l'année : Grand Corps Malade.
Album révélation de l'année : Midi 20 (Grand Corps Malade).
Album de chansons/variétés de l'année : Le soldat rose.
Album pop/rock de l'année : Wow (Superbus).
Album de musiques urbaines de l'année : Gibraltar (Abd al Malik).
Album musiques du monde de l'année : Canta (Agnes Jaoui).
Album de musiques électroniques/groove/dance de l'année : Végéta l (Émilie Simon).
Album de musique originale de cinéma ou télévision de l'année : Ne le dis à personne (M).
Chanson originale de l'année : Le dîner (Benabar).
Spectacle musical/tournée/concert : Olivia Ruiz.
Vidéoclip : Marly-Gomont (Kamini).
DVD musical : Tryo fête ses 10 ans (Tryo).
Messages pour mes éminents collègues : si vous copiez-collez quoi que ce soit, vous citez vos sources, sinon vous irez en enfer.
LE GROUPE OU L’ARTISTE INTERPRETE MASCULIN DE L’ANNEE :

BENABAR
Doublement nommé aux Victoires en février 2003 ("Révélation" et "Révélation scène"), il repart bredouille mais son album éponyme s'écoule à 450.000 exemplaires. Le suivant, « Les Risques du métier », dépasse le demi-million et remporte en 2004 la Victoire de l'"Album de chansons / variétés de l'année" catégorie dans laquelle il est à nouveau nommé en 2006 pour « Reprise des négociations ». Cette année, en plus de la catégorie reine "Groupe ou Artiste masculin de l'année", il est nommé dans celle de la "Chanson originale de l'année" (pour Le Dîner) et celle du "Spectacle musical / Tournée / Concert de l'année". En clair, tout cela signifie que Bénabar est devenu un géant de la chanson, vous ne croyez pas ?

Vincent DELERM
Le fils de l’écrivain Philippe Delerm s'est fait connaître du grand public grâce un premier album sorti en avril 2002, qui s'écoula à quatre cent mille exemplaires et décrocha au passage une Victoire de la Musique (catégorie "Album révélation"). Un score et une récompense d’autant plus remarquables que le jeune homme s’inscrivait à contre-courant du formatage Star Ac qui prévalait alors. Depuis, creusant son sillon ironico-nostalgique au fil de spectacles et d'albums originaux (« Kensington Square », 2004 ; « Les Piqûres d'araignées », 2006, pour lequel il est aussi nommé cette année), Vincent a atteint sereinement le cap des 30 ans, sans se départir de son sourire en coin.

KATERINE
Déjà nommé l'an dernier dans la catégorie "Album révélation" pour « Robots après tout », Philippe Katerine l'est trois fois cette année (voir aussi "Spectacle musical / tournée / concert" et "Chanson originale" pour Louxor j'adore). Plus de quinze ans au service de l'avant-garde pop et de l'humour décalé seront-ils enfin récompensés ? Jolie manière, en tout cas, de boucler une année qui a également vu ce faux désinvolte danser pour la chorégraphe Mathilde Monnier, tandis que le grand public découvrait, épaté, le dandysme androgyne, les pulls roses en acrylique et la kitsch attitude de celui qui fait semblant de se moquer de tout pour mieux ouvrir les yeux et les oreilles des spectateurs en manque d'extravagance.

SANSEVERINO
Victoire de la musique en 2003 dans la catégorie "Groupe ou Artiste révélation scène de l'année", récompensant l'immense tournée qui avait suivi la sortie de l'album « Le Tango des gens », l'ex-leader du groupe Les Voleurs de Poules nous a proposé depuis « Les Sénégalaises » (2004) un double CD live (« Au théâtre Sébastopol », 2005) et « Exactement » à la fin de l'automne 2006. L'année 2007 sera dédiée à la scène, où ce pirate débonnaire et quadragénaire met le public en transe avec ses chansons manouches : inaugurée par deux soirées à l'Olympia, les 15 et 16 janvier, sa tournée est déjà bouclée jusqu'à la mi-juin, avec un nouveau détour par Paris, au Bataclan, avant d'écumer, en toute logique, les festivals de l'été.


LE GROUPE OU L’ARTISTE INTERPRETE FEMININE DE L’ANNEE :

ANAÏS
C'est magique : il lui suffit de monter sur une scène pour séduire son public. Celle de la petite salle marseillaise où elle enregistra son « Cheap Show » en 2005, celle du Printemps de Bourges ensuite, celle des Victoires de la Musique le 4 mars 2006… Même si elle ne fut pas primée ce soir-là (catégorie "Groupe ou artiste révélation scène de l'année"), elle pétrifia les téléspectateurs avec son imitation de cornemuse et une version déchaînée de Mon cœur, mon amour. Résultat : plus de 100.000 albums écoulés dans le mois qui suivit, jusqu'à approcher aujourd'hui les 300.000 exemplaires. Un DVD (également nommé cette année) vient de marquer la fin d'une aventure en tous points excessive, en attendant la suite avec impatience.

AYO
S’exprimant en anglais, Ayo a fait sensation dès la sortie de « Joyful », son premier album produit par Jay Newland (Norah Jones) paru à la fin du printemps. Les médias ont salué son éclectisme, son savoir-faire (auteur, compositeur, guitariste, chanteuse), sa féminité, son cocktail de soul, de funk, de reggae, de jazz et d’afro-gypsy, appellation qui semble avoir été inventée pour elle ! Raide dingue de l’artiste, Nagui l’a invitée illico dans Taratata tandis que les radios diffusaient en boucle l'extrait Down On My Knees (également nommé dans la catégorie "Vidéo-clip de l'année") et que trois concerts archi-complets au Nouveau Casino, à Paris, marquaient le départ d'une tournée qui passera par l'Olympia ce 12 mars.

DIAM’S
On se souviendra longtemps de ce cri d'écorchée vive, lorsque Diam's reçut sa première Victoire, en 2004, dans la catégorie "Album rap / hip-hop de l'année" pour « Brut de femme » : Je ne vais pas mieux mais grâce à vous, je vis ! En 2006, elle avait partagé le bonheur d'Amel Bent, également récompensée, pour qui Diam's avait co-écrit Ma philosophie. Elle a récidivé début 2006 avec l'excellent « Dans ma bulle » en suscitant aussitôt la ferveur du public et les louanges des critiques. La tournée, toujours en cours, témoigne du succès de cette Boulette qui est désormais solidement installée dans le paysage musical hexagonal, où sa prise de parole, qui ressemble à une prise de pouvoir, dépasse largement le cadre limité du rap.

Olivia RUIZ
Déjà nommée deux fois aux Victoires – en 2005 dans la catégorie "Groupe ou Artiste révélation scène de l'année" (pour la tournée qui avait suivi la parution de l'explosif « J’aime pas l’amour ») puis à nouveau en 2006 dans celle de "L'Album de Chansons / variétés" pour « La Femme chocolat » – la pétulante Olivia revient en 2007 dans la catégorie reine de "L'Artiste féminine". Contrairement à ce que pourrait laisser croire le tube radio J'traîne des pieds, rien ne freine l'irrésistible ascension de cette authentique rockeuse qui a, de longue date, fait oublier sa participation à la première Star Academy : un véritable cas d'école que cette jeune femme d'à peine 27 ans que rien ni personne ne pourra jamais formater…

LE GROUPE OU L’ARTISTE REVELATION DU PUBLIC DE L’ANNEE :

ABD AL MALIK
Au cœur de l'hiver 2004 déjà, Abd Al Malik avait fait sensation avec son premier album « Le Face à face des cœurs », dont la sortie avait coïncidé avec la publication d'un essai autobiographique au titre provocateur et efficace, Qu'Allah bénisse la France ! (éditions Albin Michel). Au début de l'été 2006, son deuxième album (« Gibraltar ») a confirmé les espoirs placés dans cet artiste d'exception : textes lucides, d'une rare intelligence, racontant le parcours d'un gamin des cités qui aurait pu mal tourner (délinquance, extrémisme), balancés avec un flow de dingue, tel un prêcheur humaniste. Aux antipodes du rap vantard, Abd Al Malik milite avec émotion pour une France arc-en-ciel, débarrassée de toutes ses peurs.

GRAND CORPS MALADE
La couverture médiatique qui accompagna en mars 2006 la sortie de son premier album fut à la taille de ce gaillard qu'un terrible accident contraint de marcher en permanence avec une béquille. Chacun de ses passages à la télévision multiplia le nombre de ses fans, tandis que le grand public apprenait à distinguer le slam du rap. Des textes d'une force rare, scandés avec toute l'intensité dont on est capable lorsqu'on veut partager des émotions, des colères, des opinions : Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, poète urbain du 21ème siècle, a très vite obtenu un disque d'or, de platine, puis double platine, le cap des 400.000 exemplaires ayant été récemment franchi par ce « Midi 20 » pourtant très peu diffusé en radio.

MISS DOMINIQUE
Que James Brown n'a-t-il vécu assez longtemps pour rencontrer cette soul-sister digne de rivaliser avec celles qu'il a produites (Lyn Collins, Vicki Anderson), ou d'autres aussi explosives (Aretha Franklin, Tina Turner) ! Née à Sarcelles, Miss Dominique fut révélée grâce à une émission de télévision ; sa voix lui permet de tout interpréter, ses propres chansons (Puisque tu me vois d'en haut, Doudou) comme les reprises les plus éclectiques, de Calling You créé par Jevetta Steele à Je sais pas de Jean-Jacques Goldman créé par Céline Dion, en passant par It's a Man's Man's World de James Brown ou Le Cinéma de Nougaro… Avec à la clé un album (« Une femme battante ») qui a déjà largement dépassé les 100.000 exemplaires.

Adrienne PAULY
Cette jolie comédienne à l'air mutin cherchait un rôle à sa mesure : on l'a aperçue dans des films de Francis Girod, Laurent Bénégui, Claude Chabrol, Pierre Schoendoerffer et Jean-Pierre Mocky mais en fait elle ne rêvait que d'une chose : chanter. Un rêve devenu réalité grâce à un coup de pouce de Camille Bazbaz par-ci, un arrangement de –M– par-là, des compos de Michael Garçon (A.S. Dragon) ou Christophe Ernault et une réalisation signée Yarol Poupaud (F.F.F.). Sa voix grave, légèrement fêlée, et son sens de l'humour (J'veux un mec, L'Amour avec un con) ont fait le reste : sorti à l'automne, son album a mis les médias en émoi, séduits par son grain de folie, ses sourires sexy, ses fêlures entre fou rire et cafard.


LE GROUPE OU L’ARTISTE REVELATION SCENE DE L’ANNEE :

ANIS
Papa d'origine marocaine, révolutionnaire réfugié, maman russe, ce titi de Cergy (sa sweet banlieue pourrie, célébrée dans l'une de ses chansons) a été désigné "artiste de l'été" sur France2. À l'époque de sa première maquette, il chante dans le métro, accompagné de sa guitare, en rêvant d'une carrière à la Tété. « La Chance », premier album officiel paru à l'automne 2005, parfumé de blues, hip-hop, ragga et rub-a-dub, surprend par sa fraîcheur, sa gouaille de gadjo décalé, sa coolitude diraient les adeptes de néologismes. Sa tournée marathon repassera par Paris : après avoir rempli la Cigale et le Bataclan, Anis ("le compagnon" en arabe littéraire) fêtera son premier disque d'or à l'Olympia le 26 avril prochain.

DA SILVA
La vague des "trentenaires qui chantent" est à l'évidence l'une des tendances lourdes de la chanson française des années 2000 ; mais comment se démarquer lorsqu'on refuse d'être inscrit de force dans une école avec laquelle on n'a rien à voir, sinon l'âge ? En jouant la carte rock, en assumant une voix rugueuse et intense, en parfumant ses chansons denses de mandoline et d'une touche de fado, origine familiale oblige. Cet ex-punk au crâne rasé, qui a grandi à Nevers, travaillé pour des maisons de disques (comme représentant) et chanté en première partie de Cali (un coup de pouce bienvenu) a pris son temps avant de publier « Décembre en été », porté par L'Indécision qui a beaucoup tourné sur les radios rock.

GRAND CORPS MALADE
Je me prends pour un poète / Pt'être un vrai, pt'être un naze (…) Je traque la moindre rime et j'en rêve même la nuit / Je soulève chaque syllabe pour voir ce qu'il y a en dessous / Il m'arrive même de chercher jusqu'à m'en rendre saoul… Le bonheur du texte, sans mélodie, sans refrain, sans gimmick, juste une mise en scène musicale (par S Petit Nico) : Grand Corps Malade a créé la surprise avec un album dépouillé tandis que sur scène, sa voix de basse, sertie de cordes, de percussions, d'un piano et d'une guitare, enveloppe et envoûte les spectateurs. Depuis la mi-mai 2006, il n'a cessé de tourner et vient encore, à Paris, neuf mois après la Cigale, quatre mois après le Bataclan, de remplir trois fois l'Olympia !

Christophe MALI
Une révélation, Mali ? Alors qu'il fête avec son groupe Tryo dix ans de succès ininterrompu (déjà nommé l'an dernier avec son groupe, il l'est à nouveau cette année, catégorie DVD musical de l'année) ? Oui mais là, c'est différent : entre-temps, Christophe s'est lancé dans une aventure parallèle en solo, avec à la clé des concerts intimistes piano-voix et un album (« Je vous emmène ») qui lui ont valu de flatteuses comparaisons. Il est vrai que le malin Mali connaît ses classiques : Charles Trenet, Georges Brassens, Jacques Higelin (Le Premier Amour, Le Curé de ma chapelle,…) mais qu'il sait aussi se dévoiler, loin du reggae festif et écolo de ses habituels complices (Jeune homme, L'Absence de toi).

L’ALBUM REVELATION DE L’ANNÉE :

« Babx » - BABX
Avec sa chevelure en broussaille, son visage rond, son sourire radieux et son regard franc, on dit de ce fils d'un psychanalyste et d'une mère professeur de chant qu'il est gourmand de la vie, de la femme et des mots. On dit aussi qu'il creuse son propre style dans un genre plutôt rétro, hors mode, et qu'à moins de 25 ans, il a beaucoup écouté Brel et Ferré. Exact, mais il a aussi grandi en se gavant de N.T.M., Ministère A.M.E.R. et Assassin et il en reste des traces (Crack Maniac). Sur son album, des sujets d'actu (Kamikaze, Silicone Baby) croisent des thèmes intemporels (Sous le piano de ma mère, Quand tu m'embrasses) : David Babin, dit Babx, a signé avec son premier album éponyme l'une des plus jolies surprises de 2006.

« Midi 20 » - GRAND CORPS MALADE
Né à Chicago vers 1984, le slam entre en douce dans l'Hexagone au fil des années 1990. Poésie démocratisée – pour devenir slameur il vous faut du papier, un stylo, du culot, du public dans un bistrot -, le micro-phénomène attire l'attention de quelques journalistes ; pour autant personne n'est prêt à miser un kopek sur un genre jugé anti-commercial. Pas de mélodie, juste des mots. Dits d'une voix grave et monocorde, dans le cas de Grand Corps Malade, un mec à béquille que la vie n'a pas épargné mais lui a permis de faire de belles rencontres : S Petit Nico, qui a mis ses textes en musique, Jean-Rachid, qui l'a produit, le label AZ, qui contre toute attente a vendu plus de 400.000 copies de ce « Midi 20 » exemplaire.

« De l’autre côté » - Pierre GUIMARD
Il a commencé son initiation au sein de groupes métal comme Noisy Fate (un album au compteur). Repéré par Jean-Louis Aubert, il est engagé comme bassiste de son avant-dernière tournée. La magic touch de l'ex-leader de Téléphone va-t-elle l'aider comme elle a permis de révéler Raphaël ? L'avenir nous le dira : en attendant, épaulé par le dandy Jérôme Attal aux paroles, Pierre Guimard a publié à la rentrée 2006 un premier album épatant co-produit par le génial bricoleur américain Ben Kweller, lui-même auteur-compositeur-interprète à ses heures. Annoncé par Un jour comme les autres, « De l’autre côté » dénote par la fraîcheur et l'énergie de ses chansons folk-rock où rôdent Dylan, Neil Young et Lennon.

« Adrienne Pauly » - Adrienne PAULY
Bien sûr, des actrices qui chantent, on en trouve treize à la douzaine ; le plus souvent plaisir et qualité sont au rendez-vous : on pense aux récentes incursions de Jeanne Balibar, Sandrine Kiberlain, Agnès Jaoui ou Élisa Tovati. Le cas d'Adrienne Pauly est différent : on a l'impression qu'elle a toujours été chanteuse mais a tenté sa chance au cinéma en attendant de trouver les bons complices. Ceux-ci ont pour noms Christophe Ernault, Yarol Poupaud, Adan Jodorowsky, –M– ou Michael Garçon ; grâce à eux la débutante de 27 ans a signé à la rentrée 2006 l'un des albums les plus enthousiasmants de la saison, condensé de petites vacheries déguisées en jolies fleurs, comme l'a écrit un chroniqueur inspiré.


L’ALBUM DE CHANSONS/VARIETES L’ANNEE :

« Les Piqûres d’araignées » - Vincent DELERM
Nommé trois fois cette année (également dans les catégories "Groupe ou artiste interprète masculin de l'année" et "Vidéo-clip de l'année" pour Sous les avalanches, réalisé par Bruno Sevaistre), Delerm a publié à la rentrée 2006 son troisième album, dont la sortie a coïncidé avec son 30ème anniversaire. Réalisé à Stockholm par Peter Von Poehl (complice de Bertrand Burgalat, Doriand, Lio ; auteur d'un bel album romantique au printemps dernier), il marque une évolution sensible : inspiration renouvelée, voix mieux domptée, il contient un duo avec l'Anglais Neil Hannon, alias Divine Comedy, ainsi que Sépia plein les doigts, qui se moque d'une tendance au passéisme soft auquel il avait lui-même cédé autrefois…

« Charango » - Yannick NOAH
Qui aurait pu imaginer que le vainqueur 1983 de Roland Garros deviendrait vingt ans plus tard l’un des chanteurs les plus populaires en France ? Première étape : sa joyeuse Saga Africa, tube de l'été 1991. Ce sont ensuite les chansons taillées sur mesure par Jean-Jacques Goldman, Érick Benzi et J. Kapler qui permettent à son album éponyme de dépasser les 1,7 million d'exemplaires en 2000 ; « Pokhara », en 2004, dépasse également le million. Le récent « Charango » s'est installé dès sa sortie en tête des ventes ; ses messages humanistes (Donne-moi une vie, Aux arbres citoyens) ont à nouveau valu à Yannick d'être élu parmi les personnalités préférées des Français, d'après le sondage annuel du Journal du Dimanche.

« Exactement » - SANSEVERINO
Parfaite antithèse de l’idole préfabriquée, Sanseverino aura connu toutes les galères du rock'n'roll avant de trouver sa voie dans la chanson sous influence Django et de nous raconter des histoires de tous les jours avec un sens aiguisé de l'autodérision qui ne l'a pas quitté depuis « Le Tango des gens »… Sur « Exactement », accompagné par un big band qui swingue à merveille, le chanteur célèbre Les Ouvriers d'antan, se plaint d'une fâcheuse (Cette conne m'ennuie), se prend pour un coureur du Tour (10 jours avant Paris), voire un coureur tout court (Comment séduire une femme mariée ?). Démolissons les mots chante-t-il a capella en ouverture de ce nouvel album : au contraire, il les cisèle et les met en valeur comme jamais !

« Le Soldat rose »
Conte musical pour enfants et ceux qui le sont restés, « Le Soldat rose » est le premier du genre écrit et composé par Louis Chedid et Pierre-Dominique Burgaud : une heureuse initiative qui, depuis la sortie d'« Émilie jolie » de Philippe Chatel, était devenue trop rare ! D'autant que les invités sont nombreux et prestigieux : Alain Souchon, Vanessa Paradis, –M–, Shirley & Dino, Francis Cabrel, Catherine Jacob, Bénabar, Jeanne Cherhal, Sanseverino, Albin de la Simone, etc., en plus de Chedid lui-même, bien entendu. Vendu à plus de 300.000 exemplaires, l'album, paru en novembre, a donné lieu à un spectacle exceptionnel, filmé au Grand Rex à Paris et diffusé durant les fêtes de fin d'année sur France2, suivi de près par un DVD.


L’ALBUM POP/ROCK DE L’ANNEE :

« Alice & June » - INDOCHINE
Nommé trois fois en 2003, récompense logique après un come-back sensationnel, que nul n'avait prévu – sauf Nicola Sirkis et ses fans – Indochine avait remporté la Victoire de "L'Album pop/rock de l'année" pour le formidable « Paradize » écoulé à plus d'un million d'exemplaires. Après un live (« 3. 6. 3. », enregistré le 3 juin 2003 à Paris-Bercy), le groupe a publié « Alice & June », dixième album en vingt-cinq ans de carrière, en décembre 2005. L'énorme tournée qui a suivi, démarrée en mars 2006, est passée par le Viêt-Nam (où Indo s'est produit avec l'orchestre symphonique de l'opéra d'Hanoï) et a fait étape deux soirs en décembre à Paris-Bercy, mais la demande est telle qu'un troisième concert est déjà programmé en mai…

« L’Étreinte » - MIOSSEC
Déjà nommé quatre fois (notamment en 1998 pour le deuxième album, « Baiser », en 2002 pour « À prendre », en 2005 pour « 1964 »), Christophe Miossec n'a jamais été récompensé. Auteur célébré pour ses paroles écorchées et cinglantes, il a publié six albums en douze ans, récolté des disques d'or et offert des textes à Johnny Hallyday ou Jane Birkin. Après avoir testé ses nouvelles chansons lors d'une mini-tournée bretonne, Miossec a pris le temps de resserrer « L’Étreinte » à Bruxelles, où il vit désormais, entouré par Jean-Louis Piérot (des Valentins), le guitariste anglais Robert Johnson, le chanteur du groupe flamand Zita Swoon et la musicienne hollandaise Fay Lovsky, virtuose du thérémine et de la scie musicale.

« Taormina » - Jean-Louis MURAT
Encore bredouille en mars 2005 – il était nommé pour « A Bird on a poire » – l'opiniâtre Auvergnat nous est revenu à la fin de l'été 2006 avec ce « Taormina » qui serait son 16ème, 19ème ou 25ème album (et encore, c'est pas sûr), selon que l'on inclut ou non les live, les maxis de plus de quatre titres et l'album inédit offert en 1994 aux Inrockuptibles… S’il ne tenait qu’à moi, je sortirais un disque tous les six mois, comme autrefois, se plaît-il à répéter en creusant son sillon avec une belle constance ; ses nouvelles chansons – Caillou, Au-dedans de moi, Est-ce bien l'amour, La Raie manta – figurent une sorte d'Americana à la française, un folk-rock pastoral, langoureux, hors mode et allergique aux concessions.

« Wow » - SUPERBUS
Nommé l'an dernier dans la catégorie "Groupe ou artiste révélation de l'année", récompensé aux MTV Europe Awards ("Meilleur groupe français") le combo Pop’n’Gum de la rockeuse mentholée Jennifer Ayache, plus sexy et charismatique que jamais, a accompagné la sortie de son troisième album d'un véritable blitzkrieg médiatique, tandis que Butterfly papillonnait dans les playlists des radios pop-rock. Le précédent album avait dépassé les 150.000 exemplaires ; le groupe compte faire mieux encore, sans changer de tactique : conquérir de nouveaux fans en tournant non-stop. Quelques dizaines de concerts sont programmés d'ici le mois de mai, puis il y aura les festivals de l'été et un Zénith de Paris déjà verrouillé en novembre 2007 !

L’ALBUM DE MUSIQUES URBAINES DE L’ANNEE :

« Gibraltar » - ABD AL MALIK
J’avais déjà un flow de dingue / lorsque les tours jumelles se sont éteintes… Sur le titre 12 septembre 2001 le rappeur et écrivain Abd Al Malik démontre avec éclat son talent et son intelligence ; il figure sur « Gibraltar », un deuxième album qui, très vite, a séduit un public jusque-là allergique au rap. Il est vrai que l'artiste traite avec une rare lucidité les questions de la foi, du racisme, de la came et de l’implication politique. Avant de parler à tort et à travers des quartiers, des lascars et de l’intégration, les candidats à l’élection présidentielle devraient écouter attentivement ses textes, qui sont autant de ponts jetés entre les générations, les communautés, les races et les religions.

« Entre ciment et belle étoile » - Keny ARKANA
Tous ceux qui ont écouté ses raps le savent : cette MC n'est pas là pour distraire et faire la belle, elle veut réveiller les consciences. Pas un hasard si son premier album est sorti (en octobre 2006) enrichi d'un DVD expliquant en termes simples ce qu'est la mondialisation néo-libérale. Pas un hasard si elle a coréalisé elle-même le premier clip de La Rage, à Marseille, une giclée d'adrénaline militante. Keny l'autodidacte a vécu dans la rue, participé aux forums sociaux de Porto Alegre et de Bamako ; elle veut réveiller les consciences à coup de Nettoyage au Karcher et s'adresse aux Enfants de la terre. Elle est convaincue qu'un autre monde est possible : « Entre ciment et belle étoile » donne furieusement envie de la suivre.

« Dans ma bulle » - DIAM’S
Album le plus vendu de l'année 2006 (juste au-dessus de Voulzy et des Enfoirés), pluie de récompenses, tournée Ma France à moi en cours, tous azimuts, y compris trois soirs à Paris, au Zénith (du 29 au 31 mars), que peut-il encore arriver à Diam's, 26 ans, déjà récompensée par une Victoire en 2004 ? Plein de choses à vrai dire, la moindre n'étant pas son nouveau poste de directrice artistique chez Motown France, label de légende qu'elle va relancer avec la chanteuse Vitaa, invitée sur Confessions nocturnes, l'un de titres les plus réussis de « Dans ma bulle », album tourné vers l'extérieur (le monde, la politique) là où le précédent était plus intime. Diam's deviendrait-elle, à son cœur défendant, la porte-parole de sa génération ?

« Gare au jaguarr » - JOEYSTARR
Déjà nommé aux Victoires du temps de N.T.M., JoeyStarr a lâché une bombe en octobre dernier avec son premier album solo portant désormais le titre d'une chanson (Gare au jaguarr) qui n'y figure plus – une fois écoulé le premier tirage, l'affaire d'une quinzaine, elle a dû être retirée suite à une plainte introduite par les ayants droit de Brassens, opposés à cette relecture pourtant explosive du Gorille de Tonton Georges. Moustaki, en revanche, a adoubé Joey pour sa version du Métèque, autre moment fort de cet album très attendu qui a permis à son auteur, dans la foulée du livre Mauvaise réputation publié chez Flammarion, de rectifier magistralement une image de marque sérieusement écornée au fil des ans et des faits divers.

L’ALBUM DE MUSIQUES DU MONDE DE L’ANNEE :

« Rogamar » - Cesaria EVORA
Déjà deux fois récompensée par une Victoire de la musique (en 2000 pour « Cafe Atlantico » et en 2004 pour « Voz d'Amor », également couronné aux États-Unis par un Grammy Award), Cesaria Evora – alias "la diva aux pieds nus" – vit depuis quinze ans une vraie histoire d'amour avec la France, qui fit en 1992 un triomphe à Saudade… À 65 ans, celle qui a cultivé le grain de sa voix avec la cigarette et l'alcool a publié « Rogamar » enregistré entre Sao Vicente (son île, au Cap Vert) et Paris, à nouveau sous la direction de Fernando Andrade, son fidèle pianiste. Parmi les invités : le Brésilien Jacques Morelenbaum (arrangements d'orchestre), Ismaël Lô (sur Africa Nossa) et Cali (avec qui elle chante Um Pincelada).

« Canta » - Agnès JAOUI
Co-auteur du scénario et actrice du film d'Alain Resnais On connaît la chanson, Agnès Jaoui est, on le sait, une amoureuse de la musique. Au cœur de l'hiver 2006, nous avons découvert « Canta », un album chanté en espagnol et en portugais qu'Agnès avait discrètement testé sur scène avant de le défendre, avec une belle assurance, notamment à Paris, à l'Européen et au Trianon. La comédie et le chant ayant pour exigences communes la justesse et le rythme, elle n'a eu aucun mal à se glisser tour à tour dans la peau d'une pasionaria du flamenco, d'une carioca ou d'une cubanita, d'autant qu'elle a été encouragée par ses idoles, telles la prêtresse de la bossa Maria Bethânia, le groupe espagnol Elbicho et la reine du fado Misia.

« Jehro » - JEHRO
Des chansons qui touchent droit au cœur, un disque superbe, affirme Bernard Chérèze (France Inter). Jehro butine au cœur des musiques vibrantes pour inventer une soul caribéenne, agile et gracieuse, a surenchéri Libération… L'unanimité s'est cristallisée autour de Jérôme Cotta, alias Jehro, qui se présente comme un blanc-bec issu du Panier de Marseille, et de son deuxième album. Mais qui se souvient de son premier essai, « L'Arbre et le fruit », en 1999 ? Au moment où, découragé, le chanteur allait raccrocher sa guitare, Richard Minier et Christian Brun des Marathonians lui ont proposé d'enregistrer ce « Jehro » tout en anglais, reggae, latino, acoustique, irrésistible, avec lequel il a déjà tourné aux États-Unis !

« Diwan 2 » - Rachid TAHA
Douze ans après sa version sensationnelle de Ya Rayah, classique du grand maître du chaâbi (le blues algérien) Dahmane El Harrachi, huit ans après le premier « Diwan », Rachid Taha rend à nouveau hommage aux grands noms de la chanson arabe, d'Oran à Belleville, du bled à Barbès, de l'Égypte à la casbah. Il reprend des airs popularisés par la diva Oum Kalsoum, le dandy Abdel Halim Hafez et d'autres comme Mohamed Mazouni, vedette de la variété francarabe dans les années 1970, auteur du titre Écoute-moi camarade qui ouvre l'album. À nouveau produit par le fidèle Steve Hillage, son complice anglais depuis les années Carte De Séjour, Rachid a recruté l'orchestre de cordes du Caire et le virtuose de la mandole Hakim Hamadouche.


L’ALBUM DE MUSIQUES ELECTRONIQUES/GROOVE/DANCE DE L’ANNEE :

« Lunático » - GOTAN PROJECT
En 2003, dans la même catégorie, le Gotan Project recevait une première Victoire pour l'album « La Revancha Del Tango », écoulé dans le monde à plus d'un million d'exemplaires. Trois ans plus tard, les trois complices – Christoph H. Müller et Philippe Cohen-Solal (basse, claviers, dubs programmations) et Eduardo Makaroff (guitare acoustique) – publient enfin la suite. « Lunático » a été enregistré entre Paris, Buenos-Aires et Tucson, Arizona : on y croise des bandonéons, la voix de Cristina Vilallonga, le piano de Gustavo Beytelmann (qui signe également les arrangements de cordes, somptueux), les rappeurs argentins Koxmoz, le groupe Calexico et même une reprise surprenante du thème du film Paris, Texas, composé par Ry Cooder.

« It’s Never Been Like That » - PHOENIX
Les catégories sont parfois des chausse-trappes : les médias ont classé Phoenix dans l'électro, alors qu'il s'agit clairement d'un groupe rock aux mélodies raffinées qui, par association (ils sont Versaillais, comme Air et Daft Punk), s'est retrouvé classé dans la French touch… Mais comment appelez-vous un groupe avec guitares, basse, batterie et voix, vous ? Déjà nommé en 2005 pour « Alphabetical », Phoenix vient de boucler une année passionnante marqué par une apparition en perruques d'époque dans Marie-Antoinette de Sofia Coppola, le tournage du clip Long Distance Call avec le frangin Roman Coppola, la sortie mondiale de ce troisième album – leur plus énergique et percutant à ce jour – et une tournée mondiale massive.

« Végétal » - Émilie SIMON
Deux fois nommée, deux fois primée (en 2003 pour son premier album éponyme et en 2006 pour la bande originale du film « La Marche de l’empereur » de Luc Jacquet), la douce Émilie effectue un parcours sans faute. Au printemps 2006, cette fée de la musique électronique a publié avec « Végétal » l'un des albums les plus étranges et attachants de l'année : treize chansons électro, aux boucles et sonorités stupéfiantes d'originalité, treize vignettes déracinées des réalités terrestres, qui parlent de fleurs sauvages, de plantes carnivores, grimpantes ou flottantes, d'arbres fantomatiques où rode un personnage mi-fille mi-fleur baptisé Alicia, qui nous entraîne dans son univers et referme derrière nous ses longs bras de lierre…

« Western Dream » - Bob SINCLAR
Auteur de deux des titres les plus diffusés sur les ondes françaises en 2006 (Rock This Party (Everybody Dance Now) et World, Hold On) Bob Sinclar avait également signé LE tube de l'été 2005, Love Generation, vendu à plus d'un million de copies dans le monde et devenu ensuite le générique de la StarAc. Sinclar – alias Christophe Le Friant, alias Chris The French Kiss – n'a eu qu'à rassembler ces titres pour obtenir un album épatant, enrichi d'autres perles des dancefloors, comme For You et Everybody Movin'. Véritable fils spirituel de Cerrone, inventeur français de la disco – dont il a remixé les classiques en 2001 – Sinclar privilégie une musique fédératrice, dansante, ludique, insouciante : qui s'en plaindra ?

L’ALBUM DE MUSIQUE ORIGINALE DE CINEMA OU DE TELEVISION DE L’ANNEE:

« Indigènes » - Armand AMAR
Le film de Rachid Bouchareb n'en finit pas de créer l'événement : prix collectif d'interprétation masculine à Cannes, immense succès en salle, en lice aux Oscars et aux Césars, il est aussi nommé aux Victoires pour sa remarquable bande originale, sombre et tragique comme le film qu'elle soutient, signée Armand Amar. Né en 1953 à Jérusalem, Amar a signé des scores pour Costa-Gavras (Amen, Le Couperet), Julie Gavras (La Faute à Fidel), Radu Mihaileanu (Va, vis et deviens, pour lequel il a été à nouveau nommé aux Césars 2006), etc. Invité de choc, Khaled pose sa voix sur quatre titres qui, d'après Amar, symbolisent ce que les tirailleurs avaient dans la tête, c'est-à-dire leur pays, notamment après les batailles…

« Kirikou et les bêtes sauvages » - Manu DIBANGO
Adoré par les enfants, le personnage créé par Michel Ocelot fait le plein dans les salles : plus d'un million et demi de spectateurs pour le premier épisode Kirikou et la sorcière (1998), deux millions pour Kirikou et les bêtes sauvages (2005). Pour la bande originale, produite par Emmanuel Delétang, les instruments traditionnels ont été privilégiés (balafon, marimba, n'goni, cora, percussions, etc.) par le vétéran camerounais Manu Dibango (73 ans), qui signe ici sa première musique de film, se sont réunies quelques-unes des plus grandes stars de la musique africaine, comme les Sénégalais Youssou N'Dour (déjà présent sur la b.o. de Kirikou et la sorcière) et Ismaël Lô, ou encore les Maliennes Rokia Traoré et Mamani Keita.

« Ne le dis à personne » - –M–
Quatre fois Victoirisé en 2005, lors de la 20ème édition ("Artiste masculin de l'année", "Album de chansons / variétés", "Spectacle / tournée / concert" et "DVD musical"), –M– l'est à nouveau cette année dans la catégorie "DVD Musical" (pour « En tête à tête ») et pour sa première musique de film (pour Les Triplettes de Belleville, il s'était contenté d'interpréter la chanson). Guillaume Canet lui a proposé un exercice délicat : improviser, à la guitare, directement sur les images, le score de Ne le dis à personne ; par goût du risque, en se souvenant de Neil Young (Dead Man) et de Miles Davis (Ascenseur pour l'échafaud), –M– s'est jeté à l'eau. Verdict de Canet : c'est l'une des plus belles rencontres artistiques de ma vie…

« Azur et Asmar » - Gabriel YARED
S'il a commencé par la chanson (arrangeur, orchestrateur pour Johnny Hallyday, Charles Aznavour, etc., compositeur pour Michel Jonasz, Françoise Hardy, etc.), Yared fait désormais partie des plus célèbres compositeurs de musiques de films français et collectionne les récompenses : Oscar, Golden Globe et Victoire pour la bande originale du Patient anglais, Césars et Victoires pour les scores de Camille Claudel et L'Amant ; Victoire encore pour 37°2 le matin. Pour « Azur et Asmar », film d'animation de Michel Ocelot (cf. « Kirikou et les bêtes sauvages »), Yared a composé une b.o. à l'image de sa double culture occidentale et orientale ; pour les chansons, il a fait appel à la délicate chanteuse algérienne Souad Massi.

LA CHANSON ORIGINALE DE L’ANNEE :

« Le Dîner » - BENABAR
Auteur/compositeur : BENABAR - Arrangeur : Jean-François BERGER
On s'en fout, on n'y va pas, on n'a qu'à se cacher sous les draps, on commandera des pizzas, toi la télé et moi… Une grande chanson doit plaire à toutes les générations : c'est le cas de ce Dîner qui a porté à deux reprises l'album « Reprise des négociations » au sommet des ventes (à sa sortie fin 2005 et en ce début 2007). Il faut voir des gamins brailler, hilares, on n'a qu'à dire à tes amis qu'on les aime pas et puis tant pis pour se convaincre que l'idée reçue "Bénabar = chanteur des trentenaires" n'est plus du tout d'actualité : en mûrissant, ce garçon devient universel, comme d'autres chansons le prouvent sur son dernier album, telles La Berceuse, Maritie et Gilbert Carpentier ou Quatre murs et un toit.

« La Boulette » - DIAM’S
Auteur : DIAM’S - Compositeurs : DJ MAÎTRE - TEFA - ELIO – SKREAD
Alors ouais on déconne ouais ouais on étonne / Nan nan c'est pas l'école qui nous a dicté nos codes, nan nan… Sortie trois mois à peine après la fin des émeutes en banlieue, cette Boulette n'avait rien d'opportuniste : Cette crise ne m'a pas étonnée, explique Mélanie Georgiades, dite Diam's. Je l'ai trouvée légitime. Je me suis sentie jeune parmi les autres (…) Ça fait quinze ans qu'on rappe ! Quinze ans qu'on parle de tout ça dans nos textes ! Et personne ne nous écoute ! Loin de rester coincée dans sa bulle, Diam's, la bad girl du rap refuse de se soumettre et tire sur tout ce qui bouge : les politiciens de droite et d'extrême-droite, la France qui pue le racisme, qui fête le Beaujolais et regrette le temps des Choristes…

« Louxor j’adore » - KATERINE
Auteur/compositeur : KATERINE - Arrangeurs : KATERINE – GONZALES
À la sortie de « Robots après tout », à l'automne 2005, l'unanimité des médias fut surprenante : l'enthousiasme suscité par des chansons comme 100% V.I.P. et Borderline et des "couves" méritées, dont celle des Inrockuptibles étaient autant de signes annonçant que Katerine allait – enfin ! – sortir de son rôle, chic mais frustrant à la longue, de chanteur culte pour aficionados invétérés. Certains l'avaient-ils pris au pied de la lettre quand il chantait, autrefois, Je vous emmerde ? Tout a changé grâce à l'irrésistible gimmick Et je coupe le son… et je remets le son ! et aux boucles électro du Canadien Gonzales : Louxor j'adore a rapidement dépassé la statut de tube des pistes de danse pour pénétrer l'inconscient collectif.

« La Femme chocolat » - Olivia RUIZ
Auteur/compositeur : Mathias MALZIEU
Insaisissable, infatigable, Olivia Ruiz a multiplié les expériences – avec François Hadji-Lazaro, Allain Leprest, le Weepers Circus – entre ses albums « J’aime pas l’amour » (2003) et « La Femme chocolat » (2005), pour lequel elle a beaucoup écrit (cinq titres sur treize) et a su s'entourer : un texte de Juliette (La Petite Voleuse), des invités en pagaille (Christophe Mali de Tryo, Chet, Christian Olivier des Têtes Raides), et bien sûr son ami Mathias Malzieu, du groupe Dionysos. Ce dernier lui a écrit sur mesure cette histoire de fille qui a des noisettes à la pointe des seins et des hanches Nutella ; dans ses veines, c'est du chocolat chaud qui coule et un framboisier lui pousse au bout des lèvres… On en mangerait !


LE SPECTACLE MUSICAL/LA TOURNEE/LE CONCERT DE L’ANNEE :

BENABAR aux Folies Bergères, au Zénith et en Tournée
Production : GARANCE PRODUCTIONS
Avec plus de 750.000 exemplaires écoulés, « Reprise des négociations » occupe la place enviable de l'album le plus vendu en 2006. Précision indispensable : il a été soutenu, tout au long de l'année, par une tournée gigantesque. La poignée de fans enthousiastes qui le soutenaient en 1997 – dix ans seulement ! – lorsqu'il se produisait au sein de Bénabar & Associés, ont fait des petits… Bénabar a ainsi pu interpréter sa célèbre "danse de l'ourson" sur toutes les scènes de France : Folies Bergères, Printemps de Bourges, Zénith de Paris, Francofolies, festivals de l'été, Fête de l'Huma… La tournée s'est achevée le 30 novembre à Paris-Bercy. C'était complet, comme partout. En 2007, Bénabar promet : il se repose.

Patrick BRUEL au Zénith et en Tournée
Production : BACKLINE
La sortie au printemps 2006 de son dernier album, « Des souvenirs devant… » a été suivie dès le mois d'octobre par la première partie d'une tournée qui a permis au plus célèbre joueur de poker en France de vérifier que sa popularité était intacte ; quelques dizaines de dates sont encore programmées entre mars et juillet 2007. Au programme, deux heures et demie de succès enchaînés serrés, résumant vingt-trois ans de chanson (Marre de cette nana-là, qu'il chante encore, remonte à 1984 !), sans oublier aucune étape majeure, de Alors regarde à Mon amant de Saint-Jean en passant par Qui a le droit, Casser la voix, les tubes récents (J'm'attendais pas à toi, Raconte-moi) et des reprises bien senties (Help ! des Beatles).

KATERINE à La Cigale, à l’Olympia et en Tournée
Production : OLYMPIC TOUR
Jamais là où on l'attend, Katerine a démarré sa tournée 2005/2007 en assurant une résidence aux Transmusicales de Rennes, avec une pléiade d'invités. Puis on l'a vu danser pour la chorégraphe Mathilde Monnier. Ensuite, accompagné par les Little Rabbits, rebaptisés pour l'occasion la Secte Machine et travestis en blondes mutantes (pulls roses, shorts fluo, talons hauts) on l'a vu écumer les salles (combles) et les festivals de l'été (Gaou, Francofolies, Six-Fours, etc.) qui lui ont permis de subjuguer un nouveau public et de se faire traiter de dandy lunaire ou de punk surréaliste par des journalistes sidérés. Le 30 octobre dernier, après un concert sold-out à l'Olympia, Katerine a reçu un disque d'or. Pas trop tôt !

Olivia RUIZ à La Cigale, au Bataclan et en Tournée
Production : ASTERIOS PRODUCTIONS
Dès son enfance, Olivia a été attirée par le monde du spectacle et a multiplié les expériences, notamment au théâtre avec la troupe des Médiévales, à Carcassonne, sa ville natale (1er janvier 1980, si vous voulez tout savoir !). À 15 ans, elle monte son premier groupe rock (baptisé Five) et gagne des tremplins locaux. Elle se produit aussi en duo avec son père, Didier Blanc, lui-même musicien et chanteur… Autrement dit, Olivia est née pour ça et c'est sur scène, avec une énergie sensationnelle, qu'elle a défendu ses deux albums ; l'interminable tournée qui a suivi la sortie de « La Femme chocolat » (2005) s'achèvera en mai, après quelques Zéniths, de Montpellier à Lille et quatre ultimes concerts à Paris, au Cirque d'hiver.


LE VIDEO-CLIP DE L’ANNEE :

« Down On My Knees » - AYO - Réalisateur : Pietro DI ZANNO
Une platine vinyle à l'ancienne, le visage de la chanteuse sur l'étiquette, un décor doux et dépouillé, à l'image de la chanson : Pietro di Zanno s'est mis au service d'une chanteuse qui irradie par sa beauté et son émotion. Une aventure extraordinaire, raconte le réalisateur, dont c'est le premier clip, après cinq années passées comme chef-monteur dans la pub : Ayo avait aimé le mini-documentaire promotionnel que j'ai tourné pour elle, elle m'a imposé à sa maison de disques, qui souhaitait engager un gros réalisateur américain. Nous avons tourné en 35 millimètres, en Camargue, un clip qui raconte, avec légèreté, son envie de liberté. Grâce à ce clip je démarre à 32 ans une nouvelle carrière : merci Ayo !

« Sous les avalanches » - Vincent DELERM - Réalisateur : Bruno SEVAISTRE
Déjà nommé en 2005 dans la catégorie "DVD Musical de l'année" pour « La Cigale des grands jours » de Thomas Fersen, le documentariste Bruno Sevaistre affiche vingt ans de carrière au compteur et un bel éclectisme qui l'a amené à travailler avec Mireille Dumas, Stéphane Peyron, Laurent Boyer, Étienne Daho, Jeanne Cherhal, Zazie, Alain Ducasse, Keren Ann, Alain Souchon, les Têtes Raides, etc. Auteur des deux DVD musicaux de Vincent Delerm (« Un soir boulevard Voltaire » et « Les Pelouses de Kensington »), Sevaistre a également signé les clips de Natation synchronisée et de Sous les avalanches, avec la participation hilarante de Jean Rochefort dans le rôle du batteur / guitariste / joueur de ukulélé !

« La Boulette » - DIAM’S - Réalisateur : TEFA - LES SLIDES
L'un des trois clips les plus diffusés en France en 2006 (derrière Hips Don't Lie de Shakira, devant Jeune demoiselle… de Diam's), La Boulette a été co-réalisé par Tefa, qui est aussi le principal compositeur et producteur de l'album « Dans ma bulle ». À l'image, sur un plateau tournant, la génération nan-nan qui danse et déconne, multicolore et hilare : s'amusant des clichés bling-bling des rappeurs sans imagination, il y a comme un goût d'autodérision rafraîchissante dans les clips de Diam's, qui contraste avec le sérieux des lyrics. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, le même Tefa s'est aussi largement impliqué dans la mise en scène du nouveau clip, Ma France à moi, avec la participation du formidable Pascal Greggory.

« Marly Gomont » - KAMINI - Réalisateur : KAMINI - Élodie DESBONNET
Dédicacé à tous ceux qui viennent des p'tits patelins / (…) Les p'tits patelins paumés que personne ne connaît, même pas Jean-Pierre Pernault… On parle partout de Kamini ! Technikart, Libé, Les Inrocks et la presse "urbaine" – jusqu'aux États-Unis – s'emballent pour le soi-disant rappeur plouc de Marly-Gomont, commune du département de l'Aisne, en Picardie, entre Guise et Étréaupont, 429 habitants appelés les Marlysiens… Comme une traînée de poudre, le nom et le clip de l'infirmier lillois – avec ses vaches, ses tracteurs et ses sympathiques figurants qu'on croirait venus du Groland de Canal+ – se sont propagés grâce au Web, ce qui lui a valu de rentrer directement à la 5ème place des meilleures ventes. Vivement la suite !

LE DVD MUSICAL DE L’ANNEE

« The Cheap Show In Your Face » - ANAÏS
Réalisateurs : Christian BEUCHET - Thierry GAUTIER
Anaïs a posé son baluchon, mettant un terme à trois ans de tournée ininterrompue – seule sur scène, avec sa guitare, sa voix et ses pédales d'effets – qui l'ont laissée sur le flanc, se bagarrant en permanence contre le trac, des maux de gorge et un épuisement généralisé. Mais ses sacrifices ont été récompensés : il ne lui a fallu qu'un seul album – et des centaines de concerts – pour gagner sa place de poids lourd surprise de la variété, comme l'a titré Libération. À l'image de son « Cheap Show » (le disque), bricolé live dans une petite salle à Marseille en 2005, le DVD qui a suivi fin 2006 traduit à merveille l'esprit frondeur et déluré de cette femme nature qui vient à peine de fêter son 30ème anniversaire.

« En tête à tête » - –M–
Réalisateurs : Thierry GAUTIER - Sylvain LEDUC
Doublement nommés cette année – pour les DVD qu'ils ont réalisé pour –M– et Zazie, Gautier et Leduc sont à la fête. Comme ils l'ont été en filmant –M– lors de ses trois concerts à Paris-Bercy en novembre 2004. Ce spectacle sensationnel, étape cruciale d'une tournée qui a vu Matthieu Chedid chanter devant 700.000 personnes, occupe le premier DVD de ce coffret (le second contient entre autres des images émouvantes d'un concert donné au Caire, où est née la poétesse et romancière Andrée Chedid, grand-mère de –M–). Et pourquoi ce titre paradoxal, « En tête à tête » ? C'est celui d'une chanson inédite, explique –M–. Je ne la chantais que sur scène, seuls les fans la connaissaient. Donner ce nom, c'est le souvenir de notre complicité !

« Tryo fête ses 10 ans » - TRYO
Réalisateurs : Julien REYMOND et Benjamin FAVREUL
L'an passé, Tryo était nommé dans la catégorie "Spectacle musical / tournée / concert de l'année" pour la tournée du dixième anniversaire, avec à la clé plus de vingt Zéniths archi-combles et un double album live (« De bouches à oreilles »), ainsi que pour le DVD musical « Tryo au Cabaret Sauvage » déjà réalisé par les inséparables Julien Reymond (également bassiste de No One Is Innocent) et Benjamin Favreul (également monteur dans la pub et le cinéma). Complices de Tryo depuis de longues années, Reymond et Favreul ont filmé les vingt titres du DVD « Tryo fête ses 10 ans » le 7 décembre 2005 au Zénith de Paris et l'ont assaisonné d'une série de bonus, de quoi ravir les fans de la bande à Manu, Mali, Guizmo et Daniel.

« Rodéo tour le live » - ZAZIE
Réalisateurs : Thierry GAUTIER - Sylvain LEDUC
Le "Rodéo Tour" de Zazie écuma les routes de France entre juin et septembre 2005 : un spectacle étonnant et innovant salué par la critique unanime, récompensé par une Victoire l'an dernier, qui a ensuite fait l'objet d'un DVD (et d'un album live) qui peut aussi faire office d'anthologie, vu que la belle Zazie passe en revue tous ses tubes, de Homme Sweet Homme à Rodéo en passant par Adam et Yves, Rue de la Paix, Larsen, etc. Un spectacle à son image, à la fois sensuel et rebelle, bon chic et canaille, suspendu dans les airs et les pieds (nus) sur terre… En savourant les images, on aime les petits sourires qu'elle envoie à ses quatre musiciens : en osant le rock, aujourd'hui plus qu'hier, Zazie s'éclate – comme son public !

www.lesvictoires.com

 
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